Préambule :
Il existe des sujets très sensibles, comme celui des conditions de vie des
roms.
Il ne nous a pas été facile de prendre la décision de faire cet article, car
nous ne voulons pas que celui-ci engendre des réflexes xénophobes chez
ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas comprendre. Nous ne désirons pas
également que le sujet soit souillé par des récupérations politiques
particulièrement insensibles à la misère humaine (surtout dans le contexte
électoral de ce début d'année).
Un de nos combats est la préservation de la carrière Saint-Pierre (Gagny) et
des coteaux du Beauzet (Chelles). Toute atteinte à la biodiversité de ce site
est donc pour nous une réelle souffrance et non une simple posture bien
pensante. En effet, nous aimons et nous respectons profondément ces
lieux. Nous ne pouvions donc rester sans signaler les dégâts
quasi-irréversibles sur l'environnement qu'ils engendrent de part leur
présence. Nous avons donc peser chacun de nos mots, chacune de nos phrases, car
nous ne pouvions passer sous silence ce drame qui se déroule dans la commune de
Gagny. Car même si nos moyens sont limités, le silence, selon nous,
aurait été un cautionnement à la non assistance à personnes en danger qui
s'exerce sur eux depuis trop longtemps.
Lors de la préparation de cet article, nous avons visité le hameau qu'ils
ont refabriqué dans les carrières de Gagny. Nous y avons vu un petit garçon de
3 ou 4 ans jouant seul dans des tas d'immondices, une jeune adolescente trainer
des ordures jusqu'à une décharge sauvage derrière leur campement. Par respect
et pour fuir le voyeurisme, nous avons sciemment décidé de ne pas voler leurs
images. Et c'est avec une émotion non feinte que nous nous rappelons de ces
instants troublants. Nous voulions donc également exprimer nos fortes
inquiétudes quant aux conditions d'existence de ces gens.
Cet article est donc le constat particulièrement cinglant d'une
faillite sociale, sanitaire et non des moindres :
environnementale.
Le hameau de fortune :
Lors de leur précédente expulsion du site en 2008, leurs cabanes avaient été
détruites. Les débris ayant été laissés sur place par les services municipaux
concernés, ils ont donc pu se ré-installer relativement facilement. Le hameau a
dont été reconstruit quasiment à l'identique. Nous estimons qu'ils sont entre
15 et 20 personnes à vivre en ce lieu dont au moins 4 à 5 enfants. Les
conditions de vie y sont particulièrement effroyables : absence d'eau
courante, d'électricité; de sanitaire. Les déchets et les déjections
diverses s'accumulent aux abords des maisons de fortune. En guise de
chauffage, ils possèdent des poêles à bois improvisés avec des tôles et des
tuyaux qui menacent à tout moment de les trahir.
La décharge sauvage :
C'est juste derrière le hameau que commence la décharge à ciel ouvert qu'ils
alimentent. Effectivement, ils se servent dans nos ordures et nos objets
encombrants, puis ils les ramènent sur site. Après les avoir trié, ils jettent
ce qui ne les intéresse pas. Et c'est ainsi, que jour après jour les
ordures s'amoncèlent et se répandent comme une marée rampante que rien ne peut
arrêter. Cette décharge à proximité directe de leurs habitations est
aussi le terrain de jeu de leurs enfants. Les plus anciens d'entre nous se
souviendront d'images terribles d'un autre temps, comme celles des bidonvilles
franciliens des années 60s.
La biodégradabilité de ces déchets étant quasi nulle, comment et
avec quel effort le site pourra être dépollué un jour ? Cette décharge
démarrant aux portes de leur hameau, dans quelles conditions sanitaires vivent
ils, eux et leurs enfants ?
Le déboisement sans fin :
L'hiver est rude, impitoyable. Pour se chauffer et cuisiner, une seule
solution : les arbres. Tous les jours, pour leur permettre de survivre,
des arbres sont abattus. Nous avons pu en voir des centaines et des centaines,
arrachées, démembrées, tronçonnées. Plus les jours passent et plus les arbres
tombent, inexorablement, les uns après les autres, pour finir en fumée.
Que restera t'il des boisements de la côte Bellevue à la fin de
l'hiver, dans 6 mois, dans 1 an ?...
Cet article est donc bien le constat d'une faillite sociale, sanitaire et
non des moindres : environnementale.