Ils sont venus vivre à Gagny : les Bergamasques

Originaires de la région de Bergame en Lombardie, les Bergamasques sont partis en masse dans les années 1925 pour trouver du travail en France. L’idée fixe de ces émigrés est de se rendre en Amérique, pays qui leur semble idéal pour mener une vie meilleure. Passés par la Suisse pour certains d’entre eux, les Bergamasques ont traversé les Alpes pour se rendre dans ce qu’ils considéraient comme la première étape de leur projet. Le bouche à oreille faisant son œuvre, ils entendent parler de la région entourant Paris, où des carrières de gypse en exploitation sont paraît-il en plein essor.

Emigration Italienne

La commune de Gagny, située dans l’est de Paris, sollicite alors de la main d’œuvre pour sa carrière du Centre et sa carrière du Pont Saint-Pierre. Le travail harassant qui les attend ne fait pas peur aux Bergamasques ; ils en ont vu d’autres. De toute façon, en eux subsiste l’espoir de pouvoir un jour se rendre "aux Amériques", ainsi que l’on disait encore en ce temps-là. Transformés en de petits "hommes blancs", les ouvriers sont soumis à une très forte température. De plus, ils respirent énormément de poussière. En effet, la transformation du gypse en plâtre nécessite un chauffage intense.

Carte postale des carrières de Gagny

Plus chanceux, certains ouvriers sont chargés du transport du plâtre par un petit train qui se dirige, via la voie ferrée passant par les Abbesses, vers l’usine Poliet et Chausson, près du canal à la pointe de Gournay.

Usine Poliet-et-Chausson de la pointe de Gournay

Mais tous les Bergamasques ne travaillent pas dans les carrières. D’autres, connaissant le métier le bottier cordonnier, installent de petites échoppes au fond d’un jardin, pour réparer et fabriquer les chaussures des Gabiniens. D’autres enfin se familiarisent avec la culture des champignons.

Carriers bergamasques dans une galerie de gypse avec lampe à acétylène

Carriers bergamasques dans une galerie de gypse avec lampe à acétylène (Source : http://plateau-avron.com)

Pour s’héberger, les Bergamasques obtiennent des chambres auprès des habitants, ou résident dans un hôtel, près du stade de l’est. Leurs chambres sont très modestes. Mais au moins, ils ont un travail et un toit. Alors que certains trouvent l’âme sœur sur place, d’autres font venir leur épouse d’Italie et fondent ainsi une famille. Les femmes de ces courageux ouvriers ne restent pas oisives, cependant. Employées comme femmes de ménage, elles sont également très appréciées pour le service de table lors des cérémonies de mariage, les baptêmes, les communions. Habituées à des tâches difficiles, elles sont robustes et excellent à la cuisine, où elles se montrent dévouées et courageuses.

Les ritals du plateau d'Avron

Les ritals du plateau d'avron (Source : http://plateau-avron.com)

Depuis les années 1925, les familles bergamasques installées à Gagny se sont mêlées à la vie des habitants. De nombreux mariages ont permis d’unir les Gabiniennes et ces beaux Italiens aux yeux bleus. Leurs enfants ont échangé leur culture et leurs traditions avec leurs camarades de classe. Malgré tout, les Bergamasques continuent de former une communauté très soudée à Gagny. Et aux Etats-Unis, on ne les a toujours pas vus venir.

Voir également l'excellent article de site historique du Plateau d'Avron : Les ritals du Plateau d'Avron.

Source : Micheline Pasquet - Société d’Histoire de Gagny

Commentaires

1. Le jeudi 17 avril 2008, 19:26 par VAVASSORI Charles

L'histoire de nos anciens venus de la Valle Sériana et qui ont constitué l'essentiel des mineurs des carrières de gypse de la région , doit être connue au titre du devoir de mémoire de leurs déscendants . Sur mon site depuis plus de 10 ans je m'emploie a parler des familles bergamasques ayant abouti au Plateau d'Avron et dans les carrières de Rosny , Neuilly Plaisance et Villemomble .Merci de faire de même pour ceux ayant abouti dans les carrières de Gagny .

2. Le jeudi 13 août 2009, 14:07 par Jean-Jacques Coudiere

Ancien de neuilly plaisance, j'ai 73 ans et je réside depuis 20 ans en guadeloupe. j'ecris des nouvelles et je voudrais sortir samedi celle qui porte le titre 1946, où jr parle de la carrière à plâtre, des italiens du petit train à wazgonnets qui transportait le plâtre jusqu'à la maltournée. Je vous demande l'autorisation d'illustrer ma nouvelle par la photo des ouvriers italiens dans la carrière de plâtre,Espérant votre accord, cordialement JJ Coudiere.
Je travaille bénévolement sur 2 sites, atout-guadeloupe et bouillante.net

1946, nouvelle tirée du recueil de Kéram Goettmann



Nous, les enfants, notre jeu favori était de s'accrocher au dernier wagonnet plein de pierres de gypse jusqu'à la traversée de la chaussée centrale du bourg de Neuilly Plaisance. Là, un ouvrier italien muni de son drapeau rouge assurait la sécurité. Il nous chassait du wagonnet avec sa grosse voix et un langage complètement incompréhensible pour nous autres. Le tracteur à vapeur était capable de mener une dizaine de wagonnets remplis de pierres blanches jusqu'à l'usine avec un bruit de ferraille qui résonnait encore plus sur le raccordement des rails!

Après la traversée de la chaussée du Bourg, nous reprenions le convoi à la volée en nous accrochant fortement aux barreaux d'acier. Il y avait encore deux kilomètres de trajet à exécuter à travers un couloir de six ou sept mètres de largeur, c'était le paradis des orties et des herbes hautes, puis tout au bout, la Nationale 34, l'entrée de la grande usine à plâtre. Nous lâchions prise bien avant la traversée de la Nationale 34 et avec patience, nous attendions le retour du convoi vide, ce qui demandait une petite heure!
La traversée de la chaussée du Bourg par le petit convoi de plâtre était toujours un événement, les gens s'agglutinaient sur la place commerçante, sortaient rapidement des boutiques à chaque fois, comme si c'était important. Pourtant c'était un cycle immuable de quatre trajets aller retour par jour. Cette place était importante dans la commune, outre le monument aux morts et le drapeau bleu, blanc, rouge, qui flottait jours et nuits, les trois cent soixante cinq jours de l'année, la boulangerie avec sa patronne alsacienne à la poitrine généreuse sous son éternel corsage à fleurs, Gaétan le boucher à la grande moustache en croc, son tablier blanc croisé sur sa poitrine, il faisait peur aux enfants, mamzelle lise, qui trônait dans sa toute petite mercerie, endroit incontournable pour les femmes de la commune, le commissariat, juché sur sa cave haute en pierres molières au fond d'une cour parsemée de graviers grinçants et une nuée de vélos! L'école de briques rouges à côté du tout petit dispensaire blanc, les grands peupliers qui bordaient les édifices, les larges trottoirs pour un meilleur accès des enfants, embellissaient la place bordée de hauts lampadaires à lampes jaunes. C'était aussi le terminus de l'autobus 114 avec sa nacelle d'acier à l'arrière et sa petite marche d'accès. Sur le côté droit de la nacelle, d'où l'on ne pouvait se tenir que debout, pendait une chaîne terminée par un manche en bois, actionnée par le receveur en uniforme gris pour signaler les différents départs de l'autobus. Le receveur outre son costume gris avait juchée sur sa tête, une casquette également grise, ornée d'un galon d'or ou d'argent suivant le grade du fonctionnaire. Sur le ventre, était sanglée une étrange machine carrée munie d'une manivelle, son action servait à poinçonner le ticket de transport du passager. Des bancs de bois de chaque côté de la petite allée centrale étaient installés dans la cabine de l'autobus. Le voyage jusqu'à Vincennes était souvent cahotique du fait de nombreux arrêts passagers, tous les quatre cent mètres environ. Le terminus se faisait au Château de Vincennes, lieu d'arrivée et de départ de la ligne de métro reliant Neuilly sur Seine. Il fallait à chaque fois une heure pour effectuer le trajet dans sa totalité!

Ce jour là, la dizaine de garnements avaient lâché les barres d'acier du dernier wagonnet, abandonnant l'idée d'aller jusqu'à la Maltournée site de l'usine à plâtre. En groupe devant la boulangerie, assis sur l'escalier, nous importunions la clientèle en laissant si peu de passage que celle ci a fini par nous chasser du passage obligé.
C'est en quittant l'endroit que Denise et son éternel petit tablier bleu est venue comme une guêpe, subitement, m'appliquer un énorme baiser sur la joue. L'hilarité des autres petits voyous du groupe n'avait plus de borne, tellement cela semblait cocasse. Rouge de confusion et de honte, je n'eu d'autres ressources que de m'essuyer la joue avec la main et d'hurler à la cantonnade une tonne de jurons.......heureusement, mes parents étaient absents!
Tous ces souvenirs me sont revenus d'un coup, une dizaine d'années après, comme un trait, Denise, dormait entre mes bras!

Tiré du recueil de nouvelles de Kéram Goettmann

3. Le dimanche 11 octobre 2009, 22:33 par CUGINI SONIA

Bonjour à toutes et à tous,
j'ai pu lire le message de jj Coudiere, qui parle du petit train à wagonnet qui servait à transporter le plâtre, cela me rappel une histoire que mon père m'a raconté lorsqu'il était petit, il à 73 ans et peut être que quelqu'un était ami avec lui dans son enfance, il s'appel Lucien Cugini, en tout cas j'ai pris beaucoup de plaisir à venir sur ce site,
j'ai fait une page sur facebook pour regrouper tout les CUGINI qui habite dans le monde entier, et chacun à son histoire, nos arrières grand parents qui ont immigrés dans le monde entier, les histoires de chaque familles sont différentes, mais au parcours similaire,
bien des souvenirs que nos grand parents nous ont raconté
des bisous à tous, Italiens, Italiennes au parcours presque identique.
Sonia Cugini

4. Le lundi 2 novembre 2009, 10:38 par Jean Covelli dit Nono

Je suis né au Plateau d'Avron le 2 Mai 1936 Rue Aristide Briand au 20 dans le Chateau ,ainsi que mon frère Claude dit Coco né le 1 MAI 1938 .Nous quatre enfants Pierrot l'ainé et Jeannine.Notre Père Pietro était maçon notre Mère elle était Française.Nous vivions près de notre oncle Giovanni,sa femme Virginia et le cousin Luigi .Nous y sommes resté jusqu'au 9 Juillet 1944.Bien que jeune à cette epoque j' ai des souvenirs de toute cette période des differentes famille de la cour et de la rue Xavier Goult. Bien amicalement à vous