Les cours d'eau disparus des Abbesses.

Nous avons obtenu un plan du lotissement des Abbesses de 1925 sur lequel les cours d'eau du ru des Pissottes et du canal du Chesnay sont indiqués.

Gagny - Le ru des Pissottes. - Sous-bois - état époque contemporaine.

Selon ce plan , le ru des Pissottes longeait l'Avenue des Champs et se jetait dans le Canal du Chesnay jusqu'à la Marne en longeant l'Avenue de la Pépinière (actuel chemin du ru Saint-Roch) puis en passant sous la voie de chemin de fer (Le canal du Chesnay est également canalisé actuellement sous la rue du Quai du Chesnay à Gagny en direction de l'établissement Lapeyre).

Regardez donc attentivement, cet extrait du plan du lotissement en 1925 (Cliquez pour agrandir) :

Plan des cours d'eau de 1925

Cliquer sur le "lire la suite" suivant pour lire la suite de cet article :

Pour vous aider à comprendre les explications qui vont suivre, voici 2 cartes des cours d'eau des Abbesses avant et après la Révolution Française (suite à la création du canal du Chesnay).

A. Les cours d'eau des Abbesses avant la révolution française (Cliquer pour agrandir) :

Les cours d'eau des Abbesses avant la création du canal du Chesnay

Note : Nous n'avons pas réussi à ce jour à determiner le tracé du ru Saint-Roch avant la création du canal du chesnay, nous avons donc indiqué sur la carte ci-dessus uniquement le point approximatif de sa source.

A. Les cours d'eau des Abbesses après la révolution française et la création du canal du Chesnay (Cliquer pour agrandir) :

Les cours d'eau des Abbesses aprés la création du canal du Chesnay

Cadastre Napoléonien des Abbesses et du Chesnay de 1819-1849

Voici donc toutes les informations que nous avons collectées concernant le ru des Pissottes et sa déviation dans le canal du Chesnay à la fin du XVIIIème siècle. A l'origine, il se jetait dans la rivière des Dames** en passant par le ru des Ambles) :

Autrefois, le chemin rural dit ru Saint Roch était un cours d'eau à ciel ouvert nommé le canal du Chesnay. Il était utilisé par l'entreprise Polliet et Chausson, devenue aujourd'hui Saint Gobain Distribution pour le transport du plâtre dans des barques à fond plat jusqu'à son four à plâtre qui se trouvait à la pointe de Gournay (c'est de là que partaient les péniches remplies de plâtre en direction de Paris).

Usine Poliet-et-Chausson de la pointe de Gournay

Le ru des Pissottes et le canal du Chesnay ont été laissés à l'abandon, ceux-ci servaient alors de décharge pour les riverains. Le ru et le canal ont été canalisés en 1966 dans une buse recouverte de terre à 4 mètres de profondeur. Le ru des Pissottes prend sa source à la rue des Sources dans la commune de Chelles et va se jeter dans le canal du Chesnay qui, lui, se jette dans la Marne à la Pointe de Gournay."

Nous apprenons dans le l'ouvrage La seignerie de Chelles, ses fiefs, ses lieux-dits d'Annick Desthuilliers, que le ru des Pissottes était alimenté par le ru descendant de monfermeil et par les sources du Canton des Pissottes (actuellement la rue des Sources à Chelles). Il allait se jeter dans le ru des Ambles dans le zone des Abbesses (au niveau de l'actuelle avenue des Champs).

Après la Révolution Française, il fut détourné, comme le ru des Ambles, vers le canal du Chesnay.

Carte postale ancienne du rù des Pissottes

Le ru des Ambles séparait les territoires de Chelles et de Gagny et était alimenté par le ru des Pissottes et se jetait ensuite dans la rivière des Dames (au niveau de l'actuelle Avenue de Marengo à Chelles). Le ru des Ambles, après la Révolution Française, fut détourné de son lit pour rejoindre, comme le ru des Pissottes, le canal du Chesnay. Voir notre article sur La source du ru des Ambles qui est toujours visible dans l'actuel avenue des Champs.


La source du ru des Ambles

Le 6 mai 1792, la commune de Chelles abandonna au sieur Payen, propriétaire de la ferme du Chesnay, à titre de bail emphitéotique, 26 arpents de terres et les cours des eaux de la petite rivière de Chelles et des Pissottes. En échange, le sieur Payen était tenu d'entretenir les eaux circulant dans l'Abbaye. Il fit construire, sans la permission de la municipalité, une digue pour faire arriver dans son canal dit "du Chesnay" les eaux de Brou et du Grand Marais, ce qui a eut pour effet d'assécher les fossés qui passaient dans l'Abbaye de Chelles.

Source : "La seignerie de Chelles, ses fiefs, ses lieux-dits" d'Annick Desthuilliers, publication de la Société Archéologique et Historique de Chelles (1993-1994), p.187.

Le ru Saint-Roch a donc du être lui aussi redirigé vers le canal dit "du Chesnay" à la fin du XVIIIème siècle, alors qu'il devait traverser les Abbesses pour se jeter sans doute dans la rivière des Dames**, comme le ru des Ambles ou le ru des Pissottes.

Dans les années 60, le canal du Chesnay, le ru des Pissottes, la rivière des Dames et le ru des Ambles ont été busés sous 4 mètres de terre.

Regardez donc attentivement, cet extrait du plan du canton de la Grande Prairie de l'Ardenne dit aussi "Prairie des Pissottes" (Cliquez pour agrandir) :

Le marais des Pissottes

La rivière des Dames :

Item les dites religieuses ont rivière autour de chelles qui vient de la rivière de la Marne et passe par le milieu de Chelles et circuite les prairyes jusqu'au pont de la Forest, la pescherie de laquelle rivière appartient aux religieuses (...) Large d'environ 8 mètres et profonde de 2 mètres, la rivière était alimentée par les eaux du marais via le Sault du Crochet, le ru du Villvaudé (1200) tantôt appelé ru d'Aulnoy (1250) ru du Pin (1317) ou ru de Chantereine, n'étant pas capable d'acheminer toutes ses eaux directement jusqu'à la Marne; par la source de la Fontaine (1350), celle de la Folie, le Sault de Montfermeil, les sources de Pisselou (1246) ou des Pissottes, suivant leur débit, via les Grossaulx ou Sault de Gagny ou ru des Ambles (1350)... (...) A la révolution, pour améliorer le cheminement des eaux, le citoyen Payen creusa le ru des Ambles devenu le canal du Chesnay, aménagé avec une vanne au pont Vataron. (...)

Source : "La seignerie de Chelles, ses fiefs, ses lieux-dits" d'Annick Desthuilliers, publication de la Société Archéologique et Historique de Chelles (1993-1994), p.74.

Regardez donc attentivement, cet extrait du plan du canton de la Grande Prairie, vous comprendrez le cheminement souterrain de cette rivière dans notre quartier (Cliquez pour agrandir) :

La rivière des Dames

L'ancien lit du ru des Pissottes est encore visible à la fin de l'Avenue des Champs en remontant le petit chemin à gauche.

L'histoire des cours d'eau de Chelles et des Abbesses est assez complexe, nous avons donc réalisé un reportage Vidéo afin d'en simplifier la compréhénsion.

Les cours d'eau disparus des Abbesses
Bonus : Les réminiscences du Canal du Chesnay :

Réminiscences du Canal du Chesnay

Nous avons retrouvé les cartes postales d'époque suivantes (sur le ru des Pissottes et le canal du Chesnay) :

Gagny - Le ru des Pissottes. - Sous-bois - état époque contemporaine.

Gagny. - Le château du Chesnay vu du canal

Cliquer pour agrandir :

Gagny. - Le château du Chesnay vu du canal ; époque moderne. Gagny - Château de Chesnay ; époque moderne. Gagny - Le ru des Pissottes. - Sous-bois ; état époque contemporaine.

Carte postale ancienne du rù des PissottesCarte postale ancienne du ru des PissottesCarte postale du Canal du Chesnay

Commentaires

1. Le dimanche 20 avril 2008, 22:15 par grave j marc

Je suis né à Gagny et dans mon enfance il nous était défendu d'aller en vélo vers les différentes rivières ,qui il faut le dire étaient dégoutantes.J'ai 52 ans mais je me souviens parfaitement de ses sites,car commes ils étaient interdits,nous y allions!!!Mon père tenait la vitrerie miroiterie 123 rue PV Couturier et nous habitions (ils y demeurent encore) au 5 avenue des Marronniers.Je dois avoir 4 ou 5 cartes postales du coin.Merci pour cette ballade et ce retour en enfance

2. Le lundi 21 avril 2008, 15:58 par Hullnudd

Merci Mr Grave, avant les années 50 ces cours d'eau étaient propres, c'était avant le remblaiement des carrières avec des ordures et avant que des riverains ne les utilisent comme des égouts. Une situation sanitaire de l'époque qui a donc du conduire à la disparition de ces derniers et à leurs mises en buses souterraines en 1966 et 1967, date à laquelle le château, la ferme et le parc du Chesnay ont été également rasés...

Ce sont des pertes, des pertes irréparables, des cours d'eau qui étaient là depuis des siècles... Les enfants allaient y pécher des épinoches et on pouvait y chercher du cresson. Tous les témoignagnes que nous avons recueilli sont unanimes et nous avons voulu leur rendre hommage avec ce dossier où nous avons poussé nos recherches aussi loin que nous le pouvions.

Cordialement,

L'équipe du blog des Abbesses.

3. Le jeudi 30 octobre 2008, 23:04 par H Marchioni

Bonjour,

Je suis tombé sur votre site par hasard et je le trouve formidable !
Je suis né à Villemomble tout près de Gagny, j'y ai passé enfance et adolescence.
J'ai eu l'occasion d'arpenter toute la zone des carrières avec tout particulièrement une grande passion pour les sources et petits cours d'eau qui en sont issus (ça a d'ailleurs été déterminant dans le choix de ma carrière professionnelle...)
J'ai donc pu voir toutes ces petites sources et suivre leurs écoulements vers le réseau d'eau usées les collectant.
Je me souviens d'une descendant de Montguichet, au dessus du stade derrière l'Arena qui avait la particularité de pétrifier dans une gangue minéralisée les objets tombés dedans (feuilles, petites branches...). Je souviens aussi être aller voir le trou Brugnotte, au pied de la cote de Beauzet, un site très particulier à l'atmosphère étrange, un gouffre naturel dans une végétation luxuriante, en forme d'entonnoir effondré où les eaux d'une autre petite source proche venaient se perdre pour ne plus reparaître. Un endroit merveilleux !
Sans oublier les impressionnants fontis que l'on pouvait voir en surface dans les zones hautes de la carrière et qui avaient engloutis une partie de la végétation et de ce qui se trouvait au dessus comme un emporte-pièce immense avec des bords nets et verticaux, très dangereux par ailleurs...
On pouvait voir aussi en remontant la rue des Sources et la route longeant la zone du fort en allant vers l'église Saint-André, au pied des maisons, un ru servant plus ou moins d'égout et recouvert de larges grilles s'écoulant vers les Abbesses et le Chesnay.
Il y a aussi la Chantreine que j'ai eu l'occasion de suivre des Coudreaux à la Marne, mais ce n'est plus le quartier des Abesses...!

Grâce à vous, plein de bons souvenirs me sont revenus, je vous en remercie. Je reviendrai voir votre site. Si vous avez de nouvelles informations sur les cours d'eau de Chelles et le trou Brugnotte je serais très intéressé pour le connaître !

4. Le mardi 30 mars 2010, 16:00 par LIBLINC-DUSPIWA

J'ai 53 ans et j'ai habité Le Chesnay-Gagny de 1960 à 1970. En lisant Les Misérables de Victor Hugo, notamment les passages décrivant la grande forêt qui s'étent de Montfermei à Montreui,l je me suis laissé aller à croire que la petite Cosette allait puiser son eau dans une des sources que l'ont trouve aux alentours du Chesnay ou des Abbesses. Si quelqu'un a plus de précisions,merci de me le faire savoir. Peut-être l'Ecole Victor Hugo et le Parc Jean Valjean ne sont pas dûs au hazard

5. Le dimanche 12 décembre 2010, 01:26 par ZELYG

Je suivais les images des "falaises" de gypse de Pantin vers Claye Souilly, quand j'ai découvert votre site qui satisfait ma curiosité.
Je demeure à Chelles, travaille à Pantin, et souvent circule sur la "ligne des crêtes" de ces collines remarquables...
Dans les années 1980, quartier des Peupliers, nous avions nommé l'association de quartier "LA RIVIÈRE DES DAMES" rappelant à la mémoire collective ce passage d'eau, souvent oublié des nouveaux habitants.
Je dois témoigner aussi de mes belles ballades sur le coteau entre Villevaudé et Claye Souilly que j'ai pris grand plaisir à découvrir (prudemment).
Merci pour votre passion et votre travail.
Bien cordialement, Zelyg