Aqueduc de la Dhuis : Article de l'AEDD sur la vente de l'Aqueduc

AEDD - Paris renonce temporairement à la vente d'un « élément clef » de la trame verte francilienne à un exploitant de carrière de gypse

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Aqueduc de la Dhuis à flanc de coteau.

La ville de Paris renonce temporairement à la vente en Seine-et-Marne de parcelles (1) d'un aqueduc à un exploitant de carrière de gypse, annonce le groupe des élus parisiens et régionaux du Parti de Gauche, jeudi 13 octobre 2011. Long de 130 kilomètres, l'aqueduc construit au XIXe siècle traverse l'Aisne, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis, et alimentait la capitale à partir des sources de la Dhuis (Aisne). Il abrite une promenade de 27 kilomètres et constitue « un élément clef » de la trame verte francilienne, selon le groupe. La cession de parcelles concerne un linéaire de cinq kilomètres. « Au vu de la contestation », le projet de délibération destiné à céder une superficie de 63 200 mètres carrés à la société BPB Placoplatre pour y ouvrir une carrière à ciel ouvert a été retiré de l'ordre du jour du Conseil de Paris des lundi 17 et mardi 18 octobre prochains », confirme à AEDD l'entourage de Pierre Mansat, adjoint (PC) au maire de Paris chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d'Île-de-France. Mais l'exploitation de la carrière est « inéluctable ».

La cession de ce « corridor biologique important, reliant plusieurs espaces boisés de la région » se fait « pour de petits motifs financiers », estime de son côté le groupe EELV (Europe Ecologie-Les Verts) de Paris. D'abord car la société BPP Placoplatre « pourrait opter pour une activité souterraine, moins impactante, mais s'y refuse ». Ensuite parce que le gain tiré de la vente est « modique : dix euros par mètre carré, soit 630 000 euros au total à comparer avec les 900 millions d'euros de droits de mutation attendus par la ville en 2011 ».

« TOTALE CONTRADICTION DU PROJET »

EELV Paris souligne la « totale contradiction » du projet avec la somme de six millions d'euros investie en 2007-2008 par Eau de Paris et l'agence des espaces verts d'Île-de-France pour l'aménagement de la promenade, le protocole de coopération signé entre la ville et le département de Seine-et-Marne ayant notamment pour objectif le développement des trames vertes, ainsi qu'avec le plan biodiversité que la ville prévoit de présenter au Conseil de Paris en novembre prochain.

Pour le Parti de gauche, aucune des collectivités concernées n'avaient été sollicitées ou invitées à délibérer sur ce projet. Le groupe estime que « les enjeux écologiques et de qualité de vie n'ont pas à être sacrifiés au profit d'intérêts privés », et entend interpeller à ce sujet Jean-Paul Huchon, président (PS) du conseil régional d'Île-de-France, lors de la commission permanente du conseil régional, jeudi 20 octobre.

« L'EXPLOITATION AURA LIEU DE TOUTE FACON »

Même si la cession est temporairement reportée, afin de « mieux l'expliquer », « l'exploitation de la carrière de gypse aura lieu de toute façon », explique à AEDD l'entourage de Pierre Mansat. « Il y a une pénurie de gypse en France, et ce minéral fait partie des matériaux reconnus d'intérêt national. Or, 30 % du gypse français se trouvent dans ce filon-là. » La ville rappelle que la préfecture de Seine-et-Marne a pris un arrêté en 2006 déclarant PIG (projet d'intérêt général) cette exploitation. « L'Etat peut nous expulser à tout moment. » La délégation juge encore que « si le gypse n'est pas exploité ici, il viendra par camion de Pologne ou de Belgique. Il faut privilégier les circuits courts. »

L'entourage de Pierre Mansat précise que « ce qui est prévu, c'est que BPB Placoplate et l'agence régionale des espaces verts vérifient que la continuité du tracé de la promenade soit assurée. Les six hectares ne seront pas exploités d'un coup, mais petit à petit. » La société « a déjà exploité 200 hectares comme ça dans la zone ».

Selon la ville, « le schéma départemental de Seine-et-Marne des espaces naturels sensibles et celui des carrières ont bien considéré que cette zone ferait l'objet d'une exploitation ».

Quant à l'accord des collectivités, « la ville de Paris s'assure systématiquement de leur consentement lorsqu'elle veut vendre du foncier sur leur territoire. En général, c'est l'exécutif qui décide. Libre à elles de soumettre le projet dans leur assemblée délibérante. Seule l'une des quatre communes concernées en a débattu en conseil municipal ».

« L'EXPLOITATION SOUTERRAINE EST POSSIBLE »

Pour Île-de-France Environnement, « l'exploitation souterraine de ce gisement est possible, comme cela a été fait en Seine-Saint-Denis ». La fédération d'associations environnementales franciliennes réclame « qu'aucune nouvelle exploitation de gypse à ciel ouvert ne soit plus autorisée sur ce secteur ».

(1) Quatre communes sont concernées : Le Pin, Claye-Souilly, Villevaudé et Annet-sur-Marne