Mercredi 13 novembre 2013, suite à la parution en date du 27/10/2013 de
notre article Dans les entrailles
du fort de Chelles, le journal La Marne en a fait la une de son
journal. Voici donc l'article qui a été publié.
Pour de plus amples renseignements sur l'histoire du fort, veuillez
consulter le projet Wikipedia que nous animons : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fort_de_Chelles

CHELLES • Carrières de gypse •La Marne • Mercredi 13 novembre 2013
Un gruyère sous la montagne
D'anciennes galeries souterraines de gypse courent sous le fort. Et
celles-ci semblent ne pas avoir été sécurisées... L'information révélée par
l'association « Abbesses de Gagny-Chelles » nécessite quelques
explications.
Désaffecté, le fort a et acquis par la commune de Chelles en 1972. Elle qui
a entrepris de nombreux aménagements avant son ouverture au public le 8 juin
2007. Mais voilà, selon Christophe Nédélec, président des Abbesses de
Gagny-Chelles, association de défense de l'environnement créée en 2008.
L’espace naturel de 46 hectares était auparavant une butte gypseuse exploitée
en carrière à ciel ouvert.
Si la carrière a été remblayée depuis, des galeries profondes subsistent
sillonnant même, semble-t-il, l'esplanade verdoyante sur laquelle se promène le
public et ou de nombreuses manifestations sont organisées (dont le feu
d'artifice du 14 Juillet et le cinéma en plein air durant l'été).
Pour protéger la capitale
Suite à la défaite de 1870 face aux Prussiens, le bastion a été édifié sur
le mont Chalats entre 1876 et 1879 pour assurer, à 104 mètres d’altitude, une
deuxième ceinture de défense autour de Paris. En 1878, le chantier reçoit la
visite du maréchal Mac Mahon, alors président de la République. Parmi les
documents, une publicité de 1860 du carrier Louis-Pierre Parquin (qui était
aussi maire de Chelles à l’époque) décrivant son activité industrielle sous
forme de schémas. Le carrier aurait ainsi exploité jusqu’en 1880, date de son
expropriation par l’armée, trois masses de gypse sur la montagne de Chelles,
dont la seconde et la troisième en cavages, à partir de son usine implantée rue
Bickart, en contrebas de la montagne. La fortification a été utilisée dans le
passé par un club de tir, les pompiers de la ville pour leurs entraînements,
Kodak pour stocker ses films et produits chimiques, avant d'être acquise par la
Ville.

Des galeries à 40 m, Lionel Petit, un Chellois, a réussi à se procurer deux
plans du fort de Chelles datant de 1877 et 1902 auprès du SHAT (Service
historique de l'armée de Terre) basé à Vincennes.
« Je me passionne pour l’histoire du fort depuis 1998 qui, hélas, a
été massacré. J’affirme que ce sont les seuls et uniques plans qui existent et
j’ai eu beaucoup de mal à les obtenir »

Document: L'un des premiers plans établi en janvier 1877 par le génie
militaire. Moins détaillé que le second, on y aperçoit cependant le réseau des
galeries courant sous et devant le fort (environ 4 hectares minimum).
Il apprend que le fort a subi un renforcement de ses soubassements en 1877
puis sur la période 1906 190K par le génie miliaire qui craignait sa fragilité
du fait des canonnades. Il constate surtout l'existence d'un vaste réseau de
galeries souterraines à une profondeur de 40 mètres, devant et à l'ouest du
fort.
Un phénomène fréquent en Seine-et-Marne où le BRGM (Bureau de Recherches
Géologiques et Minières) a recensé plus d'un millier de carrières liées à
l'exploitation du gypse sous environ 140 communes.

Christophe Nédélec et Lionel Petit devant l'entrée des galeries qu'ils ont
visitées sous le fort. « La mairie sur plusieurs hectares a enfin empêché
l'accès à ces galeries », reconnaît Lionel, la main posée sur la chaine neuve
cadenassée.
Lionel Petit en informe aussitôt Christophe Nédélec, tout autant passionné
par le patrimoine local que par les questions environnementales.

Galerie confortée sous la montagne de Chelles par le génie militaire (photo
Christophe Nédélec).
Déjà un effondrement en 2002
Selon l'association, il existe probablement une superposition entre des
galeries de seconde et de troisième masse. Sur les documents du génie
militaire, il est fait aussi mention de "vastes réseaux de cavages éboulés
inabordables". « Pourtant lors des travaux entrepris par la
commune sur le fort en 2007, on nous a assuré que des sondages avaient été
effectués. En septembre 2002, la presse a relaté la découverte par les pompiers
d'un effondrement qui s'était produit dans une galerie, au pied du fort
», argumente Christophe Nédélec.
Et il s'interroge : « Une partie du site est donc
sous-minée et je me demande si ces galeries ont bien été repérées car elles
semblent être inconnues, autant du BRGM que de la mairie. Plus inquiétant,
elles ne sont pas injectées ou comblées ».
Des vérifications à venir
Après son exploration du 25 octobre, Christophe Nédélec a alerté la mairie
et Communauté d'agglomération Marne et Chantereine sur les risques
d'affaissement en surface. Contactée par nos soins, la CAMC confirme qu'elle a
effectivement « été informée par l'association de la présence de galeries
de seconde masse sous la montagne de Chelles, qu'elle fait procéder à des
vérifications et qu'elle ne peut aujourd'hui, apporter plus
d'information »
L'affaire mérite donc d'être « creusée » un peu plus.