04-08-2008 : A la découverte de la carrière du Beauzet ou chronique d'une balade en solitaire
Par CN1037-GANDI le mardi 5 août 2008, 02:07 - Côte Montguichet - Chelles - Lien permanent
Lundi 4 Août 2008, au petit matin, la décision est prise. Cela fait trop longtemps qu'on me parle de la carrière Beauzet. Située au nord du quartier des Abbesses à Chelles, elle fait partie de la ZNIEFF (Zone Naturelle d'Intérêt Floristique et Faunistique) de la carrière St Pierre et Beauzet.
La tentation est trop forte.
Pour de plus amples renseignements sur la zone de la carrière Bausset à Chelles voir ce lien sur le site de l'ANCA. Ce lieu est un biotope riche avec ses Alisiers de Fontainebleau centenaires, ses pelouses sèches, ses orchidées et ses plantes messicoles.
J'enfile mon treillis, des chaussures de circonstances et je me coiffe d'un de mes chapeaux fétiches. Je prend un appareil photo mais j'oublie la bouteille d'eau qui me fera défaut toute la journée ! Je n'oublie cependant pas de prendre le livre que m'a conseillé Alain Thellier de l'ANCA à savoir l'Atlas de la Flore Sauvage de Seine-Saint-Denis.
Après 10 minutes de marche, je suis déjà dans les champs du Bausset. En pur naturaliste en herbe que je suis, je commence à apprendre à observer les plantes qui m'entourent, de la plus commune à la plus étrange sans distinction (les conseils d'Alain résonnent au loin).
Je reconnais de la Grande Bardane, des Mauves sylvestres, des Circes communs et d'autres qui me resteront inconnus.
Au fait, comment accède-t-on à la carrière Beauzet ? Y a t'il un chemin ? Sûrement mais où ? Je regarde une photo satellite sur l'appareil de haute technologie qui ne me quitte jamais, mais je ne vois pas de sentier vu du ciel. Je tente une percée dans un boisement dense...en vain. Après avoir perdu 10 fois mon chapeau, j'abandonne et décide de sortir et de contourner le boisement qui entoure la carrière Beauzet. Et là, enfin, un chemin qui semble aller dans la bonne direction.
Je le remonte tranquillement et cela commence à grimper. Je prend sur la gauche et je tombe sur une pelouse sèche qui surplombe la carrière Beauzet. Eurêka..
Super! Je commence alors à observer attentivement le biotope de la pelouse calcaro-marneuse à mes pieds. Je trouve des Centaurées trompeuses, des Tetraglonobles siliqueux, des Lotiers corniculés, de l'Origan, des Knauties des Champs et des Eupatoires chanvrines. Je comprends Alain et son art de l'observation, un moment de distraction et l'on rate un spécimen. J'ai l'impression d'en avoir loupé beaucoup justement.
En ce début d'août, les orchidées sauvages sont rarement en fleuraison, je n'en trouve pas ou sinon je n'ai pas bien su regarder ou chercher.
Je relève la tête et je réalise que je suis à coté d'un Alisier de Fontainebleau, relativement jeune, d'environ 4 mètres de hauteur poussant à quelques pas de la falaise de Gypse. J'ai failli le rater, pourtant on ne voyait que lui.
Je décide de descendre au centre de la carrière en contrebas, la zone a été remblayée à l'arrache : briques, parpaings et gravas y côtoient des tubulures métalliques rouillées et enchevêtrées.
Je fais le tour de la carrière et je tombe nez à nez avec un Alisier de Fontainebleau centenaire qui porte des fruits : un géniteur! Des enfants ont du y construire une cabane dans le temps.
Mes pas me portent à continuer le chemin qui file à l'ouest au travers des boisements. Et là, Je me maudis d'avoir oublier de prendre de l'eau!! Je marche longuement dans les boisements avec ses érables champêtres, ses ormes des montagnes et je croise des Épiaires des bois et l'herbe aux femmes battues.
Je vois le bois s'éclaircir et au loin, la mer de remblais, à Gagny, surplombe le quartier des Abbesses.
J'arrive sur le remblais et là : des ronces ou mûriers sauvages chargées de mûres bien noires. Pour étancher ma soif, je vais littéralement me gaver de mûres par poignées. Aucune n'a le même goût, du très sucré et suave jusqu'à l'acidité désaltérante.
Continuant ma balade, je rejoinds l'entrée de la première masse de Gypse de la carrière Saint-Pierre. Sur le chemin, je recherche les Ophrys Abeilles et les Orchis Bouc observées il y a un mois et demi lors de la visite avec l'ANCA, mais elles ne sont plus visibles. C'est peut-être normal, elles fleurissent normalement en Juin-Juillet et si elles ont été cueillis...malheur à ceux ou celles qui ont osé!
Entre les pylônes des lignes à haute tension, je tombe sur une vaste colonie de Gesses à larges feuilles et ses inséparables bourdons.
En arrivant à l'entrée de la galerie, je sens le souffle frais venant des profondeurs et je m'y engage un moment pour m'y rafraichir.
Je décide d'aller dire bonjour au "bébé" Alisier de Fontainebleau qui pousse au dessus de l'entrée de la première masse et j'en profite pour admirer le panorama. Il y a des traces de feux de camps frais, j'en repère 4, autour le sol est jonché de canettes vides. J'appelle ce genre d'attitude : faire caca dans son lit!!
Je poursuis ma route vers l'entrée de la seconde masse de Gypse et son petit vallon et j'identifie en chemin quelques plantes assez communes comme la Cardère sauvage, la Gaude ou Réséda des teinturiers, des Grandes Prêles ou encore l'invasive renouée du Japon.
Dans la fraicheur du fond, je découvre des Bugranes épineuses typiques des prairies sèches, des Aigremoines eupatoires, des Brunelles communes, des Panicauts champêtres en fleurs, des Escargots de bourgogne énormes et des Zygènes de la filipendule en train de copuler.
Dans la fraicheur du petit vallon, je réalise que je n'ai pas croisé âme qui vive depuis plus de 5 heures. Il est temps de rentrer à la maison et c'est le pas et le coeur léger que je rejoins le chemin du Ru Saint-Roch. Je n'ai découvert ce jour qu'une infime partie du biotope de la ZNIEFF et déjà, l'envie d'y retourner me gagne.
En ouvrant le portail de mon jardin, je me sens d'un coup très chanceux de pouvoir vivre ces moments là, à seulement quelques kilomètres de la capitale et à quelques minutes à pied de chez moi. L'idée que cela puisse disparaitre un jour, à cause de l'urbanisation à outrance, me glace littéralement le sang et me crispe les mâchoires...
La mairie de Gagny vient juste de décider la construction d'un gymnase sur la ZNIEFF à proximité directe du petit vallon. Je me dis qu'il faut vraiment faire quelque chose pour empêcher cela, surtout quand on sait, qu'en 2002, la mairie avait donné son accord pour construire une ZAC sur la partie ouest de la ZNIEFF. Une procédure judiciaire, menée par Gagny Environnement, avait pu, in extrémis, empêcher ce désastre...Un danger écarté mais pour combien de temps encore ? L'idée m'est tout simplement insupportable.
J'ai l'impression que nous ne sommes qu'une poignée à vouloir vraiment lutter et que si les gens connaissaient les merveilles vivant à 2 pas de chez eux, nous serions peut-être un peu plus nombreux, Ne croyez-vous pas ?
Commentaires
Il y a déjà plusieurs années que mon mari et moi allions nous promener dans les carrières !...c'était là qu'il se ressourçait, maintenant seul j'ai un peu peur de m'y promener. C'est vrai que la haut nous avons cette impression d'évasion il faut absolument conserver et préserver nos carrières.
A bientôt.