L'histoire du domaine du Chesnay - Partie 3/4 : Le Général Humann

Préambule :

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Voici la troisième partie de notre épopée de la rentrée, l'histoire du Général Humann.

Si vous voulez lire les articles précédents :

  1. Le domaine du Chesnay Partie 1 : Le sieur Payen
  2. Le domaine du Chesnay Partie 2 : Le Baron Daniel Roger

Le Général Humann :

Le général Humann, Georges de son prénom, dont le grand-père était un négociant de Strasbourg devenu membre de la Chambre des Pairs et ministre des Finances de Louis Philippe de 1832 à 1836, épousa Hortense-Augustine Guilleminot.

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Cette dernière était la belle sœur du comte Roger. Le comte et son épouse Aimée de Guilleminot n'eurent pas de descendance, tous leurs bien furent partagés entre leurs héritiers indirects. Le Général Humann était également un ami proche du comte Roger du Nord comme le prouvent les correspondances qu'ils entretenaient.

Le général Humann et son épouse devinrent les nouveaux propriétaires du château du Chesnay et de ses dépendances en 1882. Cela semble avoir été en accord avec les désirs de feu le comte Roger du Nord, la comtesse ayant pris le soin de le préciser dans son testament : "selon le désir exprimé de mon mari".

Les débuts de la succession furent difficiles. En effet, un démêlé judiciaire sur le montant de la pension accordée à la municipalité, comme spécifié dans le testament de l'épouse du comte Roger du Nord, envenima les relations entre les héritiers et la Mairie. La comtesse avait ajouté au crayon, peu de temps avant sa disparition et sous le titre de codicille, une mention en doublon sur la pension qu'elle voulait accorder à la Mairie et cela conformément aux volontés de son époux disparu. Après 5 années de procédures qui firent grand bruit, le Général Humann trouva un accord avec la Mairie autour d'une pension d'un montant fixé à 1700 Frs.

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Georges Humann est né le 15 octobre 1833 à Naples, car son père Jules-Émile y était attaché d'ambassade. Il entra comme volontaire au 8ème régiment de hussards le 10 Novembre en 1853 et commença une carrière militaire. Il servit en Afrique de 1859 à 1861. Pendant la guerre Franco-allemande de 1870, il fut fait prisonnier par les prussiens à Metz le 29 octobre 1870. Il rentrera en France le 8 Mai 1871. Il fut nommé Colonel puis Général de brigade en 1882 date à laquelle, il hérita du domaine du Chesnay de part son épouse et de ses liens d'amitié avec le comte Roger du Nord.

Il vendit la carrière Saint-Pierre à la Société des Plâtrières Réunies du Bassin de Paris à la fin du XIXème (cette société fut absorbée en 1921 par la firme Poliet et Chausson ).

Carte postale des carrières de Gagny

Il devint un conseillé municipal de Gagny jusqu'à son décès à Pau, le 6 février 1908, alors qu'il y accompagnait son fils malade. Ce même fils, Paul, le rejoignit dans la tombe l'année suivante, le 23 Novembre 1909. Le général Humann fut enterré au cimetière du Centre à Gagny.

Au décès du Général, "l'Echo du Raincy" du 13 Février 1908 publia l'article suivant :

Monsieur le Général Humann est décédé Jeudi dernier à Paris où il habitait rue Jean Goujon. Issu d'une vielle famille alsacienne il était le petit fils du grand industriel de Strasbourg qui fut ministre des finances sous la monarchie de juillet. Né à Naples en 1833 il était en 1870 capitaine au régiment des guides de la Garde et fit campagne à l'armée de Metz. Sa brillante conduite lui valut les galons de chef d'escadrons. Il était directeur de la cavalerie au Ministère de la Guerre lorsque les princes d'Orléans furent privés de leur garde dans l'armée. Il refusa de signer la décision qui atteignait le colonel duc de Chartres et quitta le Ministère. Général en 1882, il prit sa retraite à 53 ans pour offrir ses services au comte de Paris. Le général Humann est le frère de l'amiral Humann. Retiré au Chesnay, il s'était mêlé à notre vie municipale et quoique royaliste avéré il votait souvent avec les républicains du conseil dans les questions de pur intérêt local. Ses obsèques ont eu lieu à Gagny dans la plus grand simplicité. Ni fleurs, ni couronnes, ni honneurs militaires. Telle avait été sa volonté et elle fut respectée.

Sa fille Marie Madeleine, épouse du comte de Germiny, a écrit sur son père :

...A la campagne, mon père passait la plus grande partie de sa journée dans sa bibliothèque, sauf pendant la saison de chasse où avec son fusil et son chien, puis avec mon frère et moi quand nous eûmes l'âge de chasser, il chassait avec nous presque tous les jours. La maladie de mon frère fut un coup terrible pour mon père. Le chrétien qu'il était acceptait l'épreuve mais le chagrin mina sa santé. Depuis des années, il était atteint de diabète; les inquiétudes aggravèrent beaucoup son état et il mourut à Pau, où les médecins avaient envoyé mon frère...

Le comte de Germiny, époux de sa fille Marie Madeleine, devint le nouveau et le dernier propriétaire du domaine.

A suivre...

Voici les sources bibliographiques qui nous ont permis de retracer l'histoire du domaine du Chesnay :

  1. "Un village de la banlieue parisienne : GAGNY" par Georges Guyonnet, ouvrage couronné du Prix Comartin 1944. C'est la bible de l'histoire de Gagny.
  2. "Le domaine du Chesnay" par Jacquet, Pierre ( Bulletin de la société historique du Raincy et du pays d'Aulnoye, 1969, N°36, p. 26-41)
  3. "Le Général Baron Joannès, sa famille et les familles alliées" par Mr Lemonchois, Société historique du Raincy et du pays d'Aulnoye)
  4. Gagny et ses carrières de plâtres par Michel Engelman (Bulletin de la société historique du Raincy et du pays d'Aulnoye, En Aulnoye Jadis, 1996, N°25, p. 57-74)
  5. Champs - Noisy. Les dîmes...La ferme du Chesnay à Gagny par Serveau, Yves ( Bulletin municipal officiel de Gournay, Date d'édition : 1988, Collation : n°2, p. 36-37)
  6. L’évolution urbaine de Chelles, 1824 – 1911 par Jérôme Donato, la Société Archéologique et Historique de Chelles, Bulletin N°16 – 1998/1999
  7. La Seigneurie de Chelles, ses fiefs, ses lieux dit, par Annick Desthuilliers, la Société Archéologique et Historique de Chelles, Bulletin N°12 – 1993/1994
  8. Le Cartulaire de Gournay-sur-Marne, traduit du latin par la Société Histoire de Gournay-sur-Marne, Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne.