Fort de Vaujours : Le fort de Vaujours renferme toujours de la radioactivité

Une association tire l'a sonnette d'alarme.

Le fort de Vaujours renferme toujours de la radioactivité

Des mesures effectuées par des bénévoles confirment la présence de radioactivité au fort de Vaujours. Une révélation qui tombe alors que l'ancien centre d'étude atomique (CfA) doit être reconverti en carrière à plâtre et accueillir des entreprises.

Article LaMarne, 16 février 2011.

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Le fort de Vaujours, promis à la destruction par l'exploitation de gypse qui doit s'y ouvrir, renfermerait encore d'inavouables secrets.

Ils ne croyaient pas les rapports officiels. Ils sont allés vérifier par eux-mêmes. Depuis un an et demi, les bénévoles de l'association «L'effort de Vaujours» visitent clandestinement l'ancien centre d'étude atomique (CEA). Ce site, à cheval sur Vaujours (Seine-Saint-Denis) et Courtry (Seine-et-Marne) a fermé ses portes en 1997. Mais les tirs qui se sont déroulés durant cinquante ans dans les bunkers du fort, et qui ont permis d'élaborer la première bombe atomique française, ont laissé des traces invisibles : l'uranium.

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Mesure à 30 fois la norme prise dans l'enceinte du fort central en 2011.

Depuis l'année dernière, la colline de 45 hectares n'appartient plus à l’État: elle a été vendue à la société BP Placo et à la communauté d'agglomération Marne-et-Chantereine. Le premier, qui possède son usine à proximité immédiate, projette d'y ouvrir une carrière de gypse, tandis que le second souhaite y créer une zone d'activités. Un arrêté inter-préfectoral datant de 2004 permet en effet une implantation industrielle, à défaut de toute autre occupation.

C'est ainsi que les bénévoles parcourent régulièrement les salles désaffectées du fort et épais sous-bois qui l'entoure à la recherche de radioactivité.

« Depuis la vente Placo a grillagé le terrain et engagé un vigile qui quadrille le CEA nuit et jour avec des molosses. Cela fait beaucoup pour une simple friche industrielle », juge Lisa, la présidente de l'association.

17 fois supérieur à la norme

Équipés de compteurs Geiger, ils sont à l'affût du moindre son suspect émis par I'appareil, attentifs aux taux affichés sur l'écran, Certains indices laissés là les aident à orienter leurs recherches, tels que les lettres « PC » inscrites à la bombe, qui indiquent la présence de «points chauds» radioactifs. Et ils n'ont pas tardé à découvrir des choses stupéfiantes: « A l'extérieur du fort, les taux sont très satisfaisants, estime Hal, le M. « Radiochimie» de l'association.

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Le fort central de Vaujours en 2010.

Ils sont même inférieurs à la moyenne régionale de 0, 09 micro-sievertslheure (unité de mesure des doses de radiations, ndlr). C'est la preuve que le CEA a déployé' beaucoup d'efforts pour décontaminer le site. Mais à l'intérieur, ça n'est pas la même histoire. Dans un tunnel, nous avons mesuré 0,17 micro-sievertslheure. A l'intérieur de murs aussi épais, c'est déjà beau-coup. Dans un bunker de tir, nous avons carrément mesuré 1,51 micro-sievertslheure.

« On atteint là un niveau très dangereux. J'ai soumis la mesure à des spécialistes, ils n'en ont pas cru leurs yeux », affirme le bénévole.

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Château d'eau du fort de Vaujours en 2011.

« Le fort est un lieu gigantesque, un dédale de salles à demi-ensevelies. Il est difficile de tout mesurer », estime Lisa.

Mais si l'on trouve des traces de radioactivité à l'air libre, que ne risque-t-on pas de trouver dans les sous-sols? « Il est parfaitement admis que les débris nucléaires des tirs effectués à l'intérieur étaient évacués à l'aide de kärchers directement dans des puits. Ces puits rejetaient l'uranium plusieurs mètres sous terre, dans la couche de gypse et les nappes phréatiques. Qui sait où s'est ensuite écoulé l'uranium ». s'interroge Hal.

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Un des lieux où de fortes mesures ont été relevées.

Dans son étude de 2002, la CRIIRAD avait d'ailleurs reconnu ne pas être en mesure d'analyser les sols au-delà de 30 cm de profondeur: « Il est toujours envisageable que des fragments d'uranium subsistent dans les sols, au-delà de quelques centimètres, d'autant que nous n'avons pu analyser les ouvrages enfouis », avaient avoué les experts. En 1999, la Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (Drire) avait déjà recommandé, faute d'information sur les sous-sols, d'éviter d'extérioriser la contamination enfouie en profondeur en cas de fouilles et de creusements.

Des risques pour les ouvriers

On se souvient également des paroles de Lucien Beaudoin, un ancien du CEA, en 2000 : « Je ferais attention, si j'avais des enfants qui tripotent la terre et qui pourraient en avaler. Car les produits de désintégration de l'uranium sont très pénétrants », avait-il affirmé.

Et c'est justement tout le problème. Ces prescriptions sont-elles compatibles avec l'exploitation de gypse à cet endroit, telle que la projette la société Placo ? En ouvrant une carrière à ciel ouvert, les particules radioactives ne risquent-elles pas de contaminer les ouvriers et pire de se retrouver dans les produits vendus par l'entreprise au grand public ?

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Première Partie de l'Article

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Seconde Partie de l'Article

Annexes