Dhuis - 93-77 : mobilisation générale pour sauver la Dhuis

Voici l'article du président des Abbesses de Gagny-Chelles paru dans l'édition de Décembre 2011 du magazine LIAISON édité par Ile de France Environnement.

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93 77 : mobilisation générale pour sauver la Dhuis

Le projet de vente d’un tronçon de l’aqueduc à un industriel a été suspendu par Paris mais les associations qui se méfient ont organisé et réussi une grande manifestation

Long de 131 km, l'aqueduc de la Dhuis (ou Dhuys) a été construit sous Napoléon III pour acheminer l'eau de la Dhuys. Son point de départ se trouve à Pargny-la-Dhuys (Aisne) et il se termine au réservoir de Ménilmontant dans le 20 ème arrondissement. Il est aujourd’hui géré par la SAGEP, la Société Anonyme de gestion des eaux de Paris. Il n’alimente plus la capitale mais alimente toujours en eau le parc d’attractions Disneyland. Depuis 2006 plus de 6 millions d’euros ont été consacrés par la Région IDF au travers de l’AEV, l’Agence des espaces verts d’Ile-de-France à l’aménagement de la Dhuis en une promenade de 27 km qui mène du Raincy, en Seine Saint Denis à Dampmart en Seine et Marne.

Courant 2011, la Mairie de Paris, en collaboration avec l’AEV, a formé le projet de céder à la société Placoplâtre (Filiale du groupe Saint-Gobain), des tronçons de l’aqueduc. Ainsi, il avait été convenu de vendre un linéaire de 5 km entre les communes de Le Pin et Carnetin en passant par Villevaudé, Claye-Souilly et Annet-sur-Marne. Placoplâtre, en devenant le propriétaire de ces tronçons, désirait exploiter à ciel ouvert la butte gypsifère de l’Aulnay durant les 60 années à venir.

Un projet inconcevable

Une perspective qui nous est apparu inadmissible, voire surréaliste. En effet, les carrières de gypse à ciel ouvert représentent une destruction durable du vivant. Il s’agit de fosses de 60 m de profondeur, comblées en fin d’exploitation par des apports artificiels de remblais et de déchets propices aux plantes invasives et au développement des milieux dit « rudéralisés ».

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Vue d’une carrière à ciel ouvert ou l'avenir promis à la butte de l'Aulnay si la vente des parcelles de l'acqueduc de la Dhuis est accordé à BP Placoplatre.

Ce projet représenterait à la fois une altération manifeste d’une promenade (GR14A) appréciée des Franciliens, la destruction d’un bien patrimonial qui pourrait encore à l’avenir acheminer de l’eau à Paris, l’anéantissement d'un corridor écologique entre la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne et la porte ouverte à l’anéantissement de deux Zones naturelles d’intérêt écologique floristique et faunistique qui soulignent la richesse de cette irriguent la coulée verte. Ces ZNIEFF sont parmi les plus riches milieux naturels du nord de la Seine et Marne et mériteraient d'être classés en zones Natura 2000 et pour partie en Réserves Naturelles Régionales. En Seine-et-Marne comme en Seine-Saint-Denis, l’aqueduc de la Dhuis devrait être classé Natura 2000 et en Zone de Protection Spéciale.

Pétition

Courant Septembre 2011, après des mois de tractations secrètes, le pot aux roses est enfin découvert. Les associations locales de protection de l’environnement et de randonnées pédestres et cyclistes décident alors de se réunir au sein du collectif « Sauvons la Dhuis ». Ce collectif saisit Ile de France Environnement qui s’implique en votant une motion demandant le blocage des projets de cession et de développement de nouvelles carrières à ciel ouvert sur la butte de l’Aulnay. Début octobre, une pétition a été mise en ligne. Celle-ci a été pour l’instant signée par plus 4 500 personnes.

Face à ce front unitaire des associations, la mairie de Paris a décidé de suspendre le vote du conseil de Paris et a demandé au Conseil Général de Seine-et-Marne (CG77) de se positionner clairement sur le devenir de la coulée verte. Le samedi 19 novembre, à l’initiative du collectif, une manifestation a été organisée à Villevaudé : un véritable succès, plus de 900 personnes ont participé à cet événement.

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Un cortège sans fin serpente le long de la coulée verte

L’insurrection contre la destruction de la Dhuis est en marche et elle ne s’arrêtera que lorsque toute menace aura été définitivement écartée. Le collectif « Sauvons la Dhuis » a demandé courant octobre à être reçu par le Maire de Paris. Si cette demande demeure sans réponse, une manifestation sur le parvis de l'hôtel de ville n'est pas à exclure.

Christophe Nédélec

  • Président de l’Association  « Les Abbesses de Gagny-Chelles »
  • http://www.montguichet.fr
  • http://ww.dhuis.fr
  • Les associations du collectif « Sauvons la Dhuis » sont : Nature Environnement 77, Villevaudé... Demain, Les Abbesses de Gagny-Chelles, Environnement 93, Adenca et Les Amis de Carnetin

Pétition : www.petitionpublique.fr/?pi=dhuis