CEA - DHUIS - Courtry/Coubron/Vaujours – Les projets d'exploitation et d'aménagement du Fort de Vaujours :

Voici le dernier communiqué du collectif "Sauvons la Dhuis" :

CEA - DHUIS - Courtry/Coubron/Vaujours – Les projets d'exploitation et d'aménagement du Fort de Vaujours :

A cheval sur les départements de la Seine Saint-Denis et de la Seine et Marne, le fort de Vaujours surplombe les communes de Vaujours, Courtry et Coubron.

Bordée par la Dhuis et le bois de Bernouille, cette fortification chargée d'histoire a été utilisée de 1955 à 1997 par le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Le glas de ce patrimoine historique national semble avoir sonné.

C’est sur ce site qu’a été développé le détonateur de la première bombe atomique française : la gerboise bleue.

Fort-de-Vaujours_IMG_8301.jpg

Entrée du Fort de Vaujours en 2010.

Depuis plus de 10ans, ce site de 45 hectares est suspecté de contamination résiduelle en matières uranifères (Uranium 238 entre autres). Cette contamination a été confirmée en 2001 par la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité) et par le CEA lui-même qui a reconnu que certains ouvrages contaminés avaient été noyés dans le béton compte tenu de l’impossibilité de les décontaminer.

Courant 2001/2002, le site n'a été que très partiellement décontaminé. Ainsi sur un total de 45 hectares, seulement 1000m2 ont été traités suite aux explorations de la CRIIRAD.

Une mesure de radioactivité 33 fois supérieure au bruit de fond a été relevée dans l'enceinte du fort de Vaujours en Mai 2011 à l'aide d'un RADEX 1503. Cette mesure a été certifiée par la CRIIRAD en 2012. La CRIIRAD précise également qu'un bloc d'uranium de 100g sous 10cm de terre est difficilement détectable en surface à l'aide de compteur de ce type.

Fort-de-Vaujours_IMG_0227.jpg

Mesure de radioactivité à 33 fois la norme prise dans l'enceinte du fort de Vaujours en Mai 2011 avec un RADEX 1503 certifiée par la CRIIRAD.

Pendant des années, le CEA a pratiqué sur le site des essais nucléaires dits sous-critiques (ou tirs “froids”) avec de l'uranium. Ces tirs froids ont été réalisés à l'air libre aussi bien qu'en salles de tirs.

Après les essais, les éclats d'uranium et autres déchets étaient évacués à grandes eaux dans des puits dit de "lavage" profonds d'une trentaine de mètres. 14 de ces puits ont été recensés sur le site. Certains déchets étaient même incinérés dans une zone de brûlage à l'air libre ainsi que dans un incinérateur équipé de quatre fours.

A cette pollution exceptionnelle en proche banlieue, s’ajoutent des risques non moins importants liés à la présence d’explosifs en subsurface, des pollutions aux métaux lourds (Arsenic, Mercure, Amiante, Cuivre, Plomb, Tungstène, Zirconium, etc.) ainsi que des pollutions chimiques (Dioxine, PCB, Perchlorate d’ammonium, etc).

En effet, courant 2009, le CEA a déclaré en préfecture la présence de 17 transformateurs remplis de PCB (en réalité 24). Seuls 11 sur les 17 transformateurs déclarés ont été déposés (extraits) selon les protocoles en vigueur. Les autres déclarés ou non, ont été percés et vidés à même le sol avant d'être emportés hors du site en toute illégalité.

Les PCB sont toxiques, écotoxiques et reprotoxiques, y compris à faible dose. Ce sont des polluants persistants, très liposolubles, ils font partie des contaminants cancérogènes bioaccumulables dans les tissus gras chez l'humain ainsi que dans le lait maternel.

Placoplâtre, filiale du groupe Saint-Gobain projette d'exploiter ce site à ciel ouvert pour en extraire le gypse.

La Communauté d'Agglomération de Marne et Chantereine (CAMC) propriétaire de 11 hectares, souhaite y implanter une zone d'activité.

Malgré les études de la CRIIRAD et des mesures indépendantes récentes, Placoplâtre, après 2 années d'investigation sur le site, déclare n'avoir rien trouvé d'anormal sur le plan des études radiologiques. A ce jour cette société, filiale du groupe Saint-Gobain, n'a communiqué aucune analyse, aucun relevé, aucun rapport ainsi qu'aucun chiffrage détaillé de la décontamination totale du site et cela malgré 2 réunions de la Commission Locale de Concertation et de Suivi (CLCS).

Fort-de-Vaujours_IMG_8292.jpg

Dans les entrailles du fort de Vaujours

Depuis 2 ans, malgré des demandes appuyées des associations locales, Placoplâtre se refuse à financer des études complémentaires de la CRIIRAD ainsi qu'à leur transmettre les informations issues des analyses potentiellement réalisées.

Ainsi, un représentant de Placoplâtre a déclaré le 3 Mai 2012 lors d'une conférence  à Vaujours :

"Les labos travaillent depuis maintenant deux mois. Ils ont prélevé un certain nombre de matières. Nous attendons leurs résultats pour juin (2012)".

Quels sont les résultats de ces analyses ? Qu'ont-ils analysés ? Depuis, le silence.

Placoplâtre a bouché les puits de lavage des tirs à l'uranium pour des raisons invoquées de sécurité. Quels sont les résultats des analyses de ces puits ? Ont-ils été réellement analysés ? Ont-ils analysé les eaux circulant au fond de certains de ces puits ? Si oui, quels sont les résultats de ces analyses ?

Après le démontage de la fortification, afin de découvrir le gypse, Placoplâtre propose le retrait 3 à 4 millions de m3 de terres (Une montagne !!!) et son transfert dans une carrière abandonnée située à cheval sur les communes de Coubron et Vaujours (la fosse d'Eguisy, dîte ancienne colline de Montauban).

Que penser de la volonté réelle de Placoplâtre de rendre un jour la fosse d'Eguisy aux populations ?

Cette méthode d'exploitation est-elle compatible avec les servitudes d’utilité publique frappant le site, suite aux pollutions constatées sur cet ancien site d’expérimentation du CEA ?

En effet, l’arrêté préfectoral en date du 22 Septembre 2005 précise que « Les terres issues de travaux de terrassement, construction ou modification du terrain doivent être stockées sur le site même ».

Placoplâtre assume pourtant mettre ses employés et ses sous-traitants en danger dans le cadre de ce projet d'exploitation. Ainsi le 3 Mai 2012, lors de cette même conférence, un représentant de Placoplâtre a déclaré : « Il ne faut pas se leurrer le seul vrai risque, il va être pour les salariés de l'entreprise. C'est eux qui vont être au contact quand il faudra démolir et exploiter. Le seul véritable risque, c'est pour le personnel de l'entreprise. »

Que penser du déplacement de telles quantités de terre potentiellement polluées et contaminées avec de surcroît la présence quasi-certaine d'explosifs dans des canalisations enterrées ?

Dans ce contexte, où les risques sont mal connus donc non maîtrisés, quelles garanties Placoplâtre peut apporter à la sûreté des habitants des communes environnantes, à la sécurité de ses salariés et sous-traitants qui interviendront sur ce site, à la sécurité des riverains et des usagers de la Dhuys et du bois de Bernouille ?

Les raisons de l'opacité de Placoplâtre ne viennent elles pas des coûts astronomiques liés au démontage du fort et à la décontamination des 3 à 4 millions de m3 des terres de découvertes ?

Devant ce potentiel mur budgétaire, le projet d'exploitation est-il toujours rentable ? Est-il toujours viable ? A la lumière des coûts, quelle est la volonté réelle de l'exploitant de décontaminer le site pour l'exploiter ?

Quel sera l'organisme réellement indépendant à même de vérifier en cours d'exploitation que toutes les mesures de sécurisation et dépollution du site seront bien appliquées par les exploitants et les aménageurs ?

IMG_8244_5_6_tonemapped.jpg

Exemple d'une carrière à ciel ouvert

Comment Placoplâtre peut-il véritablement garantir la non-contamination des sols, de l’air et des eaux compte-tenu de la multitude des risques et des millions de m3 de terre à traiter et à contrôler ?

Comment Placoplâtre peut-il garantir que les matériaux de construction issus de l’exploitation seront exempts de contamination radiologiques et/ou chimiques ?

Existe t-il dans un milieu si urbanisé, un autre chantier de dé-pollution de cette ampleur présentant autant de risques radiologiques et chimiques ?

Quels sont les projets de la Communauté de Marne et Chantereine sur ce site ?

A-t-elle réalisé des analyses ? Quels moyens va-t-elle mettre en œuvre pour dépolluer la zone dite "soutien" du Fort de Vaujours en sa possession ?

Pourquoi Placoplâtre ne prend-il pas en considération le patrimoine historique national que constitue le Fort de Vaujours ?

En effet, dans le cadre du projet d'exploitation du gypse de la butte de Parisis à Cormeilles en Parisis (95), Placoplâtre a déclaré au sujet du devenir du fort de Cormeilles : « Il est hors de question de faire courir le moindre risque à cet ensemble patrimonial. ». Force est de constater que Placoplâtre ne respecte pas les franciliens avec la même équité qu'ils habitent d'un côté ou de l'autre de Paris.

IMG_9894_5_6.jpg

La batterie sud du fort de Vaujours, située sur le secteur de la CAMC, en cours de restauration par l'association l'Effort de Vaujours.

A la lumière de ces très fortes interrogations et des risques liés à la réalisation de ces projets, le collectif « Sauvons la Dhuis » exige que toute la lumière soit faite sur le Fort de Vaujours.

Nous demandons donc une expertise indépendante de grande ampleur de la CRIIRAD, financée par Placoplâtre et la Communauté d'Agglomération de Marne et Chantereine afin de lever le voile en profondeur sur la réalité de la contamination chimique et radiologique de ce site au regard des projets d'exploitation et d'urbanisation à venir.

Le collectif demande à Placoplâtre la divulgation de toutes les analyses potentiellement réalisées en sa possession.

Nous demandons également que le devenir du Fort de Vaujours en tant que Patrimoine Historique Local et National soit pris en considération dans le cadre de ces projets.

Le collectif SAUVONS LA DHUIS - http://sauvons.dhuis.fr

  • Nature Environnement 77
  • Villevaudé... Demain
  • Les Abbesses de Gagny-Chelles
  • Environnement 93
  • ADENCA
  • Les Amis de Carnetin
  • Association de Défense de l'Environnement du Bois Fleuri (ADEBF)
  • AJT Rando
  • Marne et Gondoire à Vélo