
Pour pleinement comprendre cet article ou pour en savoir plus, il est
recommandé de lire les documents suivants :
- Les cours d'eau disparus des Abbesses
- Le
domaine du Chesnay Partie 1 : Le sieur Payen
-
Le domaine du Chesnay Partie 2 : Le Baron Daniel Roger
-
Le domaine du Chesnay Partie 3 : Le Général Humann
- Le domaine du Chesnay Partie 4 : La mort du domaine ou la
lèpre des temps modernes
- 01 Février 1963 : Quand sonna le glas du Château du
Chesnay
Ce canal du Chesnay fut creusé par le sieur Jean-Joseph
Payen entre 1791 et 1793 pour irriguer la ferme du domaine du même
nom et faciliter l'exploitation du gypse de la côte Bellevue, Montguichet et
Saint-Roch.
En effet, le 6 mai 1792, la commune de Chelles abandonna au sieur Payen,
propriétaire de la ferme du Chesnay, à titre de bail emphitéotique, 26 arpents
de terres et les cours des eaux de la petite rivière de Chelles et des
Pissottes.
En échange, le sieur Payen était tenu d'entretenir les eaux circulant dans
l'Abbaye. Il fit construire, sans la permission de la municipalité, une digue
pour faire arriver dans son canal dit "du Chesnay" les eaux de Brou et du Grand
Marais, ce qui a eut pour effet d'assécher les fossés qui passaient dans
l'Abbaye de Chelles.
Source : "La seignerie de Chelles, ses fiefs, ses lieux-dits" d'Annick
Desthuilliers, publication de la Société Archéologique et Historique de Chelles
(1993-1994), p.187.

Extrait du Cadastre napoléonien présentant le Canal du Chesnay.
Au XIXème siècle, le
baron Daniel Roger, nouveau propriétaire du domaine du Chesnay,
fit élargir le canal (On le nommait à l'époque, le canal de Mr Roger).

Par la suite le canal fut utilisé par l'entreprise Poliet et Chausson, devenue aujourd'hui Saint Gobain
Distribution, pour le transport du plâtre, issu de la carrière Saint-Pierre,
dans des barques à fond plat jusqu'à la pointe de Gournay (c'est de là que
partaient les péniches remplies de plâtre en direction de la capitale).

C'est après le décès du dernier propriétaire du domaine (le
Général Humann) et la création du lotissement du Chesnay (ou la
cité-jardin du château du chesnay) en 1909 que le canal commença à tomber en
désuétude.

En effet, en 1927, la Préfecture du département de
Seine-et-Oise, signalait déjà le mauvais état d'entretien du canal du
Chesnay.
Le 19 Janvier 1928, le président de la Société Coopérative d'épargne
de la cité-jardins de la pointe de Gournay adressait au Maire
de Gagny un courrier déplorant l'état d'insalubrité du Canal.
Il y rappelle que le canal appartient à la Société Civile-Foncière
de Gagny-Chesnay et que les riverains du canal se refusent à réaliser
les opérations de curages et d'entretien de ce cours d'eau dont ils avaient la
charge.
Il justifie cette absence d'entretien au Maire de Gagny en se plaignant de
"l'assèchement quasi-total du canal, qui a été pratiqué à plusieurs
reprises et sans aucun égard...grâce à la libre disposition des vannes laissées
aux établissements Poliet et Chausson...Des émanations putrides et insalubres
sont la conséquence tantôt de l'assèchement du lit ou des berges, tantôt de
l'arrêt prolongé de l'écoulement des eaux et des détritus de surface qu'elles
évacuent normalement à l'endroit des vannes où la Ville de Chelles vient encore
de faire confluer les eaux résiduaires entrainées par la Rivière des
Dames".
L'urbanisation des années 20 et des années 50/60 aura donc sonné le glas du
Canal du Chesnay. Devenu un véritable égout à ciel ouvert au début des années
60. La municipalité de Gagny décida donc de le canaliser dans un aqueduc
souterrain pour des raisons de salubrité publique.

En effet, le canal était devenu au fur et à mesure un véritable collecteur
d'eaux usés pour les nouveaux lotissements du secteur. Il existe encore
aujourd'hui bon nombre d'habitations qui déversent toujours leurs eaux usées
dans l'aqueduc souterrain du canal du Chesnay.
Les travaux d'aménagement du Canal du Chesnay furent donc pris en charge et
réalisé en 1966 par le Syndicat Intercommunal de Gagny-Montfermeil.
Voici donc les photos inédites des travaux d'aménagement et donc de la mort
du Canal du Chesnay :

On peut noter la maison en "auto-construction" à gauche qui montre la
qualité de l'habitat de l'époque qui se rapproche plus du bidonville.

Regardez bien l'égout qui se déverse dans le canal du chesnay avec la
mention "A raccorder".

Le pont qui existait au niveau de l'Avenue Ronsard

Le chemin de fer est au fond.

Photo prise au croisement de la rue Camélinat.