Cet article est paru dans l'édition "Seine et Marne" et "Seine Saint-Denis"
avec quelques variantes.
Chelles
Un sanctuaire pour la nature en projet au Montguichet
Christel Brigaudeau | 09.09.2009, 07h00
Devinette : où trouve-t-on onze espèces d’orchidées sauvages, des
arbres classés nationalement, des mantes religieuses et des coucous, le tout à
une vingtaine de kilomètres de Paris ? Réponse : sur la côte du
Montguichet.

Longtemps oublié, cet espace naturel de 90 ha qui surplombe le quartier des
Abbesses, entre Chelles et Gagny (Seine-Saint-Denis), est une ancienne carrière
de gypse à ciel ouvert. Propriété du groupe Saint-Gobain, il fait l’objet d’un
projet de valorisation de l’environnement qui sera examiné pour avis le 25
septembre par le conseil municipal de Chelles.
Porté par l’Anca, une association naturaliste de Neuilly-Plaisance
(Seine-Saint-Denis), et soutenu par plusieurs collectifs chellois, ce programme
ambitieux vise à « recréer un milieu naturel pour permettre à la
biodiversité encore présente de se développer », résume Christophe Nedelec.
Informaticien la semaine, naturaliste passionné le week-end, c’est ce riverain
des Abbesses qui s’est penché, il y a plus d’un an, sur le berceau du
Montguichet pour le compte de l’Anca. « Ici, on peut s’immerger quatre
heures dans la nature sans croiser personne, s’enthousiasme-t-il. C’est un
patrimoine exceptionnel… »
Un troupeau de chèvres à la rescousse
Lequel serait menacé d’extinction. La faute au manque d’entretien des
lisières du bois, les plus riches en espèces rares. Et aux agressions répétées
de visiteurs peu scrupuleux. Circonscrit à la commune de Chelles faute de
réponse favorable de Gagny, le projet de l’Anca consiste à
« sanctuariser » 5 à 6 ha au sommet du Montguichet.
Pour recréer le sol des origines, pollué par des remblais, l’association
souhaite « faire venir quelques dizaines de mètres cubes de marnes
provenant des carrières actuellement en exploitation par Placoplatre à
Vaujours » puis laisser faire la nature… et un troupeau de chèvres. Des
visites pédagogiques seraient ensuite organisées.
En contrebas poussent aujourd’hui des plants de maïs. L’Anca rêve de les
faire coexister avec des vignes et un verger associatifs, ainsi qu’un céréalier
et un maraîcher bio.
« Notre idée n’est pas de nous approprier le terrain mais d’en confier
le développement et la gestion aux associations volontaires », précise
Christophe Nedelec.
L’Amap de Chelles, qui croule sous quelque 300 demandes de paniers bio,
pourrait s’associer à la démarche. Bien ficelé sur le papier, le projet doit
encore obtenir l’aval de Saint-Gobain, et un éventuel financement à hauteur de
50 000 € par an. « Nous apprécions l’idée proposée pour le secteur du
Montguichet mais pour l’heure, rien n’est tranché », confie, prudent, un cadre
du groupe. La Fondation de l’entreprise, réunie en conseil d’administration,
devrait clarifier sa position le 30 octobre.
Christel Brigaudeau
Edition Seine et Marne

Edition Seine Saint-Denis
