Villeparisis : SITA FD ou la colline de déchets ultimes

Vendredi 17 Mai 2013, les associations de protection de l'environnement ont été reçues pour une visite du site d'enfouissement de déchets dangereux classé "Seveso seuil haut" de la commune de Villeparis. Les associations présentes étaient l'ADENCA, Nature Environnement 77, Coubron Environnement et Les Abbesses de Gagny-Chelles.

En France, il existe qu'une douzaine de site de ce genre. Sept d'entre eux sont gérés par le groupe Sita dont celui de Villeparisis (Seine-et-Marne).

IMG_9807_8_9.jpg

Entrée du site SITA FD de Villeparisis

Ce site de 43 ha est exploité depuis 1977 par la société SITA FD anciennement France Déchets et filiale du Groupe Suez Environnement. Ce site est une ancienne carrière de gypse à ciel ouvert exploitée par la société Lambert dont les activités ont été acquises depuis par Placoplâtre (BPB Placo, filiale du groupe Saint-Gobain). Elle a donc été cédée le site en fin d'exploitation pour qu'elle devienne une décharge de déchets hautement toxiques !!!

Voilà un bel exemple de l'avenir promis aux carrières à ciel ouvert !!!

Selon la direction du site SITA FD de Villeparisis, les anciennes carrières à ciel ouvert sont géologiquement propices au stockage de déchets dangereux et celle-ci s'interroge sur l'extension du site sur les anciennes carrières en cours d'exploitation sur le secteur.

IMG_9829_30_31.jpg

Alvéole de stockage en cours d'exploitation

Ainsi, il est évident que les carrières de gypse à ciel ouvert en cours et possiblement à venir sont susceptibles de devenir de nouvelles décharges de déchets dangereux. Ceci est une motivation supplémentaire pour les associations de protection de l'environnement pour lutter contre l'extension des carrières à ciel ouvert sur le massif de l'Aulnoye. Pour rappel, ces associations sont fédérées autour du collectif "Sauvons la Dhuis" : http://sauvons.dhuis.fr

IMG_9865_6_7.jpg

Seulement une douzaine de sites de ce genre en France.

Le site SITA FD de Villeparisis n'est séparé que d'une route du Fort de Vaujours sur la commune de Courtry. Cet ancien site d’expérimentation nucléaire du Commissariat à l’Énergie Atomique est notoirement connu pour sa pollution en matières radioactives et présentent des risques non moins importants liés à la présence d’explosifs en subsurface, de pollutions aux métaux lourds (Arsenic, Mercure, Amiante, Cuivre, Plomb, Tungstène, Zirconium, etc.) et de pollutions chimiques (Dioxine, PCB, etc...).

Certains osent parler de la malédiction d'un territoire.

Pour plus d'information sur le Fort de Vaujours, veuillez prendre connaissance du dernier communiqué du collectif "Sauvons la Dhuis" : CEA - DHUIS : le conseil de municipal de Courtry approuve la destruction du fort de Vaujours..

Cette visite du site fait suite à l'incident majeur qu'il a subit le 17 février 2013. En effet, un incendie s'y est produit dans une alvéole de stockage. Ce dimanche-là, 200 tonnes de roche d’amiante ainsi que des fûts fermés contenant des poussières avec des doses d’arsenic, ont pris feu sur une surface de 500 m2 (Il a été évoqué un temps une surface de 2000m2).

Les pompiers ont bataillé toute cette journée pour éteindre l'incendie. En effet, pas moins de cinquante pompiers ont été mobilisés toute la journée pour circonscrire le sinistre.

Voir l'article du Parisien suivant : Incendie dans une usine Seveso à Villeparisis

IMG_9892.JPG

La direction du site en train d'expliquer les processus de stockage aux associations

Suite à l'incident, la direction du site nous a dit avoir réalisé des analyses atmosphériques. Ses analyses auraient été transmises à la préfecture. La direction s'est refusée à nous transmettre ces analyses. Elle estime, dans la mesure qu'une double enquête, administrative et judiciaire est ouverte que c'est du ressort de la préfecture décider de les rendre publique.

IMG_9911_2_3.jpg

Les jus récoltés au fond des alvéoles sont appelés des lixiviats.

Ainsi à la date de publication de cet article, soit 3 mois après les faits, les associations locales sont donc toujours dans l'incapacité d'estimer si les populations environnantes ont été exposées à des risques sanitaires notamment liés à l'amiante et à l'arsenic, ni dans quelles mesures !!!

La direction nous a assuré que les fumées ont été poussées par les vents vers Vaujours et Sevran en Seine-Saint-Denis.

Le site Villeparisis de SITA FD possède une capacité annuelle de stockage de 250000 tonnes de déchets dangereux particulièrement toxiques.

IMG_9841_2_3_tonemapped.jpg

Alvéole de stockage en cours d'exploitation

Le site reçoit majoritairement des déchets ultimes tels que les REFIOMs et des REFIDIS (Résidus d'épuration des fumées d'incinération des ordures ménagères et des déchets industriels). Ces déchets sont par nature très toxiques.

Les REFIOMs représentent 2 à 3% de la masse d’ordures ménagères icinérées. Ils sont chargés en dioxines et furannes, en métaux lourds (plomb, mercure, cadmium, ect) ainsi qu'en nombreuses substances chimiques. Il y a donc 20 à 25 kg de REFIOMS par tonne d’ordures incinérées.

IMG_9932_3_4.jpg

Traitement et stockage des terres souillées aux hydrocarbures

De plus, selon la direction, le site accueille d'autres déchets particulièrement dangereux. Ainsi chaque année, il y est stocké 6000 tonnes de Déchets Radioactifs de type DRNR (Déchets à Radioactivité Naturelle Renforcée ou Concentrée), 11000 tonnes de déchets contenant de l'amiante ainsi que des terres polluées aux hydrocarbures.

Le stockage des Déchets Radioactifs de type DRNR est très problématique car leur définition est subjective et particulièrement floue. Effectivement, cela correspond à tous les déchets radioactifs ne provenant pas des centrales nucléaires ou d'expérimentation atomique militaire ou civil, soit un large éventail de déchets divers.

La direction a été dans l'incapacité de nous expliquer quelle était la dangerosité réelle de ce type de déchets. En effet, les déchets qu'ils reçoivent de ce domaine sont très variés. Ils se sont tout de même engagés auprès des associations à fournir un état des lieux et des statistiques permettant de les caractériser. Ils nous ont également affirmé que par mesure de sécurité chaque chargement de déchets radioactifs était analysé par un laboratoire indépendant.

Il convient de préciser qu'en l'état actuel de nos connaissances seulement deux décharges de déchets dangereux reçoivent les Déchets Radioactifs de type DRNR sur le territoire français. L'autre décharge connue est celle de l'ancienne carrière de Bellegarde dans le Gard, celle-ci est également gérée par la société SITA FD.

En cas d'exploitation du Fort de Vaujours, les associations ont questionné la direction sur la possibilité que des déchets radioactifs en provenance de celui-ci soient stockés sur le site. La direction nous a affirmé qu'ils n'étaient pas habilités à stocker ce type de déchets car ils ne relevaient pas des DRNR et qu'ils seraient automatiquement détectés par les portiques de détection situés au poste de contrôle de l'exploitation.

Les REFIOMs et autres REFIDIS sont "stabilisés" en étant incorporés dans du ciment. Ce ciment est par la suite coulé dans des alvéoles dite de stockage. Les DRNRs et les autres déchets dont l'amiante sont recouverts de ces coulis de ciment toxiques.

IMG_9823_4_5.jpg

Usine de Stabilisation des REFIOMs

Il existe 10 alvéoles de stockage sur le site de Villeparisis.

La direction nous a assuré que l'étanchéité de ces alvéoles sera contrôlée pendant 30 ans après la fin d'exploitation du site conformément à la législation en vigueur.

Quelle est la durabilité à long terme de l'étanchéité de ces alvéoles ? La direction a été dans l'incapacité de nous apporter une réponse en assurant néanmoins suivre les législations en vigueur.

IMG_9883_4_5.jpg

Alvéole de stockage en cours d'exploitation

Au bout de la chaine du traitement des déchets, ce genre de site est donc le symbole de la fuite en avant de notre civilisation.

En effet, ces sites assurés que pour quelques dizaines d'années après exploitation, ne semblent pas apporter une solution durable pour les générations futures qui viendront à vivre auprès de ces héritages toxiques et radioactifs. De plus, les processus de l'exploitant ne sont pas exempts de risques pour les populations locales comme l'a démontré l'incident majeur du 17 Février 2013.

Nous venons très sérieusement à nous interroger sur le caractère durable et responsable de ce genre de décharge de déchets dangereux en milieu urbain.

Voir l'album photos complet avec plus de photos et d'observations sur Google Picasa :

SITA_FD_Villeparisis