Fort de Vaujours : Reportage d'Actu-Environnement réalisé par Marie Jo Sader

Contamination radioactive aux portes de Paris : mythe ou réalité ?

Actu-Environnement.jpg

Lien vers le reportage vidéo sur le site d'Actu-Environnement : http://www.actu-environnement.com/ae/news/polemique-contamination-radioactive-fort-vaujours-21039.php4

Le Reportage Vidéo :

L'article associé au reportage Vidéo :

La polémique enfle sur la friche industrielle du Fort de Vaujours, anciennement exploitée par le CEA pour des recherches sur les armes nucléaires. Le taux élevé de décès chez les riverains du fait de tumeurs inquiète, tandis qu'un projet d'exploitation du gypse du sous-sol se profile.

Dix-sept ans que l'ancien centre atomique de Vaujours (départements 77 et 93) n'est plus qu'une friche industrielle et pourtant son passé militaire n'a pas fini de resurgir. En cause notamment : des pollutions radioactives générées par quarante années d'activités du CEA. Quarante années durant lesquelles le Commissariat à l'Energie Atomique va tester sur cette zone des sphères atomiques factices à l'uranium appauvri utiles au développement d'armes nucléaires.

Quels risques pour les riverains ?

Situé entre la Seine-et-Marne (77) et la Seine-Saint-Denis (93), ce site est-il aujourd'hui contaminé ? Et présente-t-il un risque sanitaire pour les riverains ? Une étude sur le taux de décès par tumeur dans la commune avoisinante de Courtry (77) interpelle : 55% pour les hommes, 49 % pour les femmes. Des pathologies thyroïdiennes seraient en constante augmentation selon Ludovic Toro, médecin sur la ville voisine de Coubron. Dès lors, le collectif "Sauvons la Dhuis" organise la mobilisation. En début d'année, une pétition circule. Elle sera suivie d'une manifestation rassemblant riverains, associations et élus au nom de la vérité sur l'état du site de Vaujours.

Mais l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France relativise ces chiffres qui, selon elle, ont été sortis de leur contexte. L'ARS fera également remarquer qu'il n'existe pas de lien entre le contact avec l'uranium appauvri et les pathologies de la thyroïde. Mais le site a-t-il été correctement dépollué ?

Débat autour de la contamination radioactive

Depuis que le CEA l'a quitté en 97, la procédure de dépollution ne va cesser d'être remise en question par des allées et venues d'experts sur le terrain. Notamment la Criirad, seul laboratoire indépendant, qui depuis sa première expertise en 2001, ne va cesser de clamer que le fort de Vaujours est toujours pollué.

Mais si ce site fait autant parler de lui aujourd'hui c'est en raison du projet de la société Placoplatre de creuser sous le fort une carrière à ciel ouvert. En effet l'ex-centre du CEA est situé sur un important gisement de gypse. En 2010, "Placo" a acquis 45 hectares du site pour étendre son exploitation alors que son usine à Vaujours est déjà le premier complexe plâtrier mondial.

Ce chantier est-il risqué ? Des poussières radioactives pourraient-elles être remises en suspension et ingérées ou inhalées ?

Le 25 février dernier, une nouvelle expertise est menée sur le fort en présence de trois organismes différents dont la Criirad et l'IRSN, organisme mandaté par l'Etat pour encadrer Placoplatre dans ses travaux. Sur place les experts se sont montrés en désaccords. La Criirad va mesurer sur un point une radioactivité 70 fois supérieure au bruit naturel tandis que l'IRSN refuse de confirmer ces résultats.

De son côté, Placoplatre assure vouloir respecter les servitudes dont le site fait l'objet depuis 2005 et qui préconisent des mesures précises si des pollutions étaient détectées sur le terrain. Mais comment faire confiance à ce projet lorsque l'organisme chargé de surveiller Placoplatre ne constate pas de pollutions significatives sur le site contrairement aux affirmations de la Criirad ?

Une chose est sûre, élus et associations restent divisés sur le destin du fort. Si certains brandissent le danger que peut représenter un tel chantier, d'autres estiment que le site, probablement encore pollué, ne peut plus être laissé à l'abandon et à la merci des ferrailleurs…

Marie Jo Sader