L’église orthodoxe Saint Séraphim et la communauté Russe des Abbesses

L’église orthodoxe Saint Séraphim, située à l’angle des avenues Etoile d’Or et Clovis, à cheval sur Gagny et Chelles, a été construite une première fois en 1933. Cette première église était située rue de Sambre-et-Meuse sur un terrain loué à l'association culturelle des Abbesses pour un franc symbolique. L'église Saint Séraphim , l'inauguration du 01-11-1933

Son inauguration a lieu le 1er novembre 1933, en présence de l'archevêque Seraphim du synode de l'Eglise Russe hors frontières. L'église porte le nom de saint Seraphim de Saroy, récemment canonisé et objet d'une grande piété populaire.

L'église Saint Séraphim : Visite de l'évêque 1934

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L'église Saint Séraphim : Sortie de la messe, 1934 L'église Saint Séraphim : Plan et élévation 1933 L'église Saint Séraphim : Construction de la première église 1933

En 1938, le propriétaire du terrain de l'église réclame à la paroisse 450 Francs de droits de mutation à payer sur le terrain, celui-ci n'ayant pas été construit d'un immeuble habitable. (Comme chacun le sait, le Saint Esprit n'est pas taxable).

Le conseil d'administration refuse. Lorsqu'en avril 1939, la propriétaire décide de renouveller le bail moyennant 500 Francs par an, après beaucoup de discussions et proposition de rachat pour 8.000 Francs, offre de vente pour 12.000 Francs, la décision est prise de transférer l'église sur un terrain appartenant en propre à la paroisse.

L'église Saint Séraphim lors de son déménagement en 1939

Une contribution en journées de travail est demandée aux paroissiens. Ceux qui ne peuvent pas paieront 20 Francs par journée. L'église est démontée brique par brique, pour être reconstruite au 23, avenue de l'Etoile d'Or, à Gagny. Mais le principal était le lieu de la nouvelle église. En effet, ce terrain de 271 m2, vendu à 22 Francs le mètre avec six ans de crédit, était coupé en deux par la limite communale et départementale entre Seine-et-Marne et la Seine-et-Oise de l'époque.

Si l'on constate que la majorité des Russes étaient sur Gagny, il faut avoir en vue les droits d'octroi prélevés à l'époque pour un enterrement franchissant une telle limite. Et c'est ainsi que l'église fut reconstruite avec une modification, l'addition d'une porte latérale en Seine-et-Marne, l'entrée principale étant en Seine-et-Oise.

Telle est, son bulbe en moins, l'église que vous connaissez au bout de l'avenue Albert-Caillou.

L'égliste orthodoxe dans les années 30

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L'église Saint Séraphim : Intérieur vers 1970 Café Marek : Visite de l'évêque fin des années 50

1 Les orthodoxes.

Dès le début du christianisme l’Eglise a eu à lutter pour maintenir l’unité du contenu de la foi, contre les schismes, les hérésies, les différences d’interprétation. Lorsque les invasions barbares divisèrent l’Empire Romain qui avait été un facteur d’unité du monde occidental, l’Empire d’Occident avec capitale à Rome, puis à Ravenne fut séparé de l’Empire d’Orient, avec pour capitale Constantinople. Les divergences de civilisation, les rivalités politiques et le manque de compréhension des langues étaient aggravés par les distances et les difficultés de communication. C’est ainsi qu’après plusieurs siècles de divergence croissante, la rupture fut consacrée en 1054 par une excommunication mutuelle. Celle-ci a été levée il y a une trentaine d’années, et s’il n’y a pas encore de communion entre les deux Eglises, il y a reconnaissance et dialogue… Les deux cultes sont proches. Nous avons un seul baptême (que les orthodoxes pratiquent par immersion), on dit le même « notre Père » et le «Credo » du concile de Nicée n’a été modifié en occident que d’un mot, relatif à la procession du Saint Esprit, sur lequel il semble bien que ce soit un malentendu. Les deux Eglises vénèrent la Mère de Dieu et les saints etc….Pourtant l’Eucharistie est vécue différemment, le ministère du prêtre est compris autrement etc…

Icône de tous les Saints, peinte dans les années 30. Il y est representée l'Eglise elle même et les saints patrons des fondateurs :

L'église Saint Séraphim : Icône de tous les saints

Pour répondre à des questions souvent posées :

  • L’Eglise orthodoxe ordonne à la prêtrise des hommes mariés (une fois ordonnés, les prêtres ne peuvent pas se marier)° l’Eglise préfère confier les paroisses à des prêtres mariés, la femme d’un prêtre assurant souvent des tâches auxiliaires (chant, catéchisme, activités sociales…) - Les évêques seront pris parmi les moines. A ce sujet : les monastères sont des lieux ouverts, accueillant beaucoup, pour quelques heures, quelques jours ou plus…. Il n’y a pas de clôture, ce sont plutôt les moines cherchant le silence qui se retirent….
  • Il n’y a pas dans l’Eglise orthodoxe de divorce, toutefois si un mariage est devenu manifestement inexistant, l’Eglise peut, après annulation, tout en faisant ressortir un aspect pénitentiel, bénir une nouvelle union.
  • Et la croix à huit branches ?..... il s’agit d’une coutume spécifiquement russe puisqu’on ne la retrouve pas en Grèce, au Liban ou en Serbie… tout simplement il s’agit de rappeler la tablette au dessus du Crucifié sur laquelle était écrit « Jésus de Nazareth Roi des Juifs » quant au repose pieds il est en biais pour rappeler que le bon larron à la droite du Christ a eu la promesse d’aller au Paradis

2 Que voit-on dans une église Orthodoxe ?

D’abord cette séparation entre le sanctuaire et la nef : l’iconostase. Elle peut être importante ou parfois très légère, juste deux icônes marquant le passage de « ce monde » et « l’autre monde » le monde du sacré, celui où se célèbre l’Eucharistie. On y trouve aussi le rappel du Temple de Jérusalem avec le « saint des saints », séparé des autres enceintes. Du fait que nous croyons que Dieu s’est fait homme que véritablement homme, Il a vécu parmi nous, nous pouvons le représenter en image, mais une image qui doit parler beaucoup plus à notre intelligence de la foi qu’ à notre sensibilité, une icône de la nativité est loin d’une nativnité de la renaissance…. . L’icône nous enseigne notre foi par des « messages ».Ainsi, les portes du Sanctuaire sont ornées de la représentation de l’Annonciation, point de départ de notre salut, mais aussi de la représentation des quatre évangélistes qui nous ont apporté le contenu de notre foi. C’est par ces portes que les fidèles reçoivent la communion (sous les deux espèces du Corps et du Sang du Christ). Les icônes sont souvent marquées par une perspective inversée c'est-à-dire qu’au lieu des lignes de fuite , elles convergent vers celui qui la contemple pour qu’il « entre » dans l’icône. Les offices sont en bonne partie chantés, avec plus de participation du peuple, qui reste généralement debout. Les fêtes sont célébrées plus particulièrement et avant tout Pâques « fête des fêtes » de la Résurrection et de notre salut sans laquelle tout le reste n’aurait pas de sens, et puis la Nativité, le Baptême du Christ, la Dormition de la Mère de Dieu etc…..

Evangéliaire de 1751 :

L'église Saint Séraphim : Evangéliaire de 1751

Traduction : ''A la gloire de la Sainte, consubstantielle, Vivifiante et Indivisible Trinité, du Père, du Fils et du Saint Esprit. Sur ordre de notre très pieuse toute puissante grande dame Elizabeth Petrovna, de toute la Russie, sous son héritier, petit fils de Pierre Premier, le pieux seigneur, grand Prince Pierre Feodorovich, et sous son épouse, la très pieuse dame, Grande Princesse Catherine Alexeïevna, avec la bénédiction du très saint Synode gouvernant, a été imprimé ce livre, inspiré par Dieu du Nouveau Testament, dans la grande ville impériale de Moscou, l'an de la création du monde 1751. Et de la naissance selon la chair de Dieu le Verbe."

L'égliste orthodoxe dans les années 30

3 L’émigration russe

La révolution marxiste de 1917, la guerre civile qui a suivi, les persécutions du régime communiste ont provoqué un énorme mouvement d’émigration dans les années 20, principalement des militaires (pas forcément des officiers-des gens du peuple aussi) des nobles,et une partie de l’élite intellectuelle du pays, qui avaient tout perdu. La France, saignée à blanc par la Grande Guerre a accueilli à bras ouverts ceux qui avaient été ses alliés et qui lui fournissaient une main d’œuvre indispensable dans les mines, les usines et les exploitations , ainsi que des chercheurs, des savants et des ingénieurs. Il est à noter que l’intégration s’est remarquablement bien faite, les russes conservant leur identité dans le tissu de la population locale

4 Les émigrés Russes à Gagny – les cosaques

Les terrains lotis par Poliet et Chausson dans les années 20 ont attiré dans le quartier des Abbesses une population formée grâce au le bouche à oreille en majorité de cosaques du Kouban (cette région au Nord du Caucase et à l’Est de la Mer Noire° Les cosaques étaient des soldats laboureurs, établis sur les marches du pays, auxquels l’Etat donnait des terres à charge d’être mobilisables en cas de besoin. C’est ainsi que le registre paroissial de l’église saint Séraphin, note pour l’année 1938 plus de 80 familles inscrites, dont la plus grande partie réside entre l’avenue de la Pépinière et l’avenue d’Ièna. Dés 1933 l’église est construite avenue Sambre et Meuse, sur un terrain loué, puis démontée et reconstruite en 1939 sur un terrain qui a ceci de particulier qu’il est coupé en deux par la limite des deux communes de Chelles et de Gagny et même par la limite départementale. Il y a eu à l’époque deux cafés, deux épiceries, un quincaillier et un coiffeur russes dans le quartier. Les jours sans école, les enfants apprenaient le catéchisme et la langue russe. Peu à peu les fondateurs sont tous décédés, leurs enfants intégrés ont quitté la région, la paroisse est passée de la célébration en slavon (la langue ecclésiastique des pays slaves) aux offices en français suivis désormais par des orthodoxes de toutes origines, y compris un certain nombre de nouveaux arrivants, principalement des dissidents arrivés dans les années 80.

Fait à Gagny, le 27 Avril 2007 par Alexandre Nicolsky

Commentaires

1. Le lundi 29 août 2011, 15:15 par Georges BORNES

Bonjour,

Je voudrais savoir si vous sauriez quelque chose sur la cantatrice Natalia Ermolenko Yushina, morte à Gagny en 1937. Elle fut très célebre en son temps. Elle était arrivée de Russie en 1923 ou 1924. Elle était la maîtresse d'un Russe blanc qui s'appelait Yvan Makhonine et qui occupa un hôtel particulier rue Brémontier, dans le XVIIè arrondissement. Il était immensément riche.

Merci de vous pourrez faire pour moi.