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mercredi 16 décembre 2009

Souvenirs de la famille Bogatscheff (Gagny - Chelles)

Lida Nicolsky, née fille de Paul et d'Anna Bogatscheff, nous a confié un peu de l'histoire de sa famille.

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Lida BOGATSCHEFF à 19 ans.

Son père, Paul, est né en 1893 à Maïkop. Cette ville Caucasienne de Russie est désormais la capitale de la république d'Adyguée. Il est issu d'une famille de la petite bourgeoisie locale. Il aurait suivi des études de géomètre qu'il dut abandonner à cause de sa participation à la première guerre mondiale.

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A partir de Juin 1915, il participe au premier conflit mondial sur le front turc dans l'Armée Cosaque du Kouban. Il est 26ème brigade Cosaque qui combat à Kars (Turquie). Il combattra jusqu'aux limites de l'Irak (Perse). Cette région du monde semble le fasciner, doté d'un appareil photo, il gardera de nombreux clichés de paysages, de monuments et de la population qu'il y croise.

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Photo prise par Paul en 1916.

Il fut blessé dans un village du Kurdistan, le 20 décembre 1916, lors de combats contre les forces armées Turcs.

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Photo datée de 1916

A la révolution russe de 1917, il s'engage dans l'armée blanche pour combattre les bolchéviks dans le Caucase. Il sera blessé à 2 reprises dans des combats contre les rouges, le 8 novembre 1919 ainsi qu'en mars 1920. La blessure obtenue en 1919 (au temps où il appartient au 2ème bataillon de commandos à pieds du Kouban) est qualifiée de traversante par balle entre le talon d'Achille et le mollet.

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Fin 1920, il sera évacué du Caucase avec les armées du général Wrangel. En trois jours, à partir d'un port de la mer Noire, il embarque avec 146 000 autres personnes dont 70 000 soldats casés sur 126 bateaux.

Au terme de ces 2 conflits, où il combattit dans des bataillons d'infanterie et des sections cosaques à pied, il mettra fin à sa carrière militaire, officier, au grade de Capitaine.

Paul se retrouve interné dans un camp de l'Ile grecque de Lemnos. Dans l'attente d'une reprise potentielle du conflit avec les rouges, il y restera presque 2 ans. Cette Ile était tellement aride qu'il fallait y amener l'eau par bateau. Dans ces camps, dormant sous des tentes, les soldats continuèrent à porter l'uniforme et à pratiquer des entrainements militaires. De peur des possibles soubresauts incontrôlables de ces armées, ils furent gardés par des Zouaves et des Tirailleurs Sénégalais. Le désarmement des militaires de ces camps ne se fit pas sans difficulté.

Il quitta l'Ile fin 1922 pour la capitale grecque.

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Athènes (Grèce) - Dimanche 4 Décembre 1922, 5 heures du soir, Paul à gauche avec 2 amis après une bonne beuverie au vin résiné.

Depuis Athènes, il put recevoir un contrat de travail pour la France. Pour l'obtenir, pensant bien faire, il maquilla sa date de naissance sur ses papiers d'identité de 1893 à 1898. Il compris, bien plus tard, à l'âge de la retraite, les conséquences de cet acte.

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Il embarqua pour le port de Marseille. La France, saignée à blanc par la guerre, manque cruellement de main d'œuvre. Ainsi il commence par travailler dans les mines des charbons d'Alès (Gard) puis dans les Houillères de Lorraine (Nilvange, Knutange). Il travaillera aussi dans des aciéries et autres usines métallurgiques.

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Paul étant un excellent musicien, Il participe à de nombreux orchestres. Il joue notamment d'une guitare à 10 cordes qui possède 4 cordes de basse supplémentaires en "open tuning". Cette guitare exceptionnelle est une Guitare Harpe. Sa fabrication est attribuée au luthier moscovite russe Robert I. Arkhuzen (1844-1920). Elle a surement été construite à la fin xixe siècle. Elle fut malheureusement dérobée chez les Nicolskys au cours d'un cambriolage.

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Boulogne Billancourt - 1931. Paul est à droite.

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Paul jouant de sa guitare Harpe dans le jardin de sa maison de l'Étoile d'Or.

Ce n'est qu'au bout d'un certain temps qu'il put se rendre à Paris. Il y suit des cours en russe (en effet, Paul ne cherchera jamais à vraiment maitriser la langue française) de l'école Violet afin d'y acquérir une formation qualifiante de monteur électricien.

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C'est à Paris qu'il rencontre sa future épouse : Anna Emeljanov. Née le 10 Octobre 1901, Anna est originaire de la région de Narva (disputée entre URSS et l'Estonie), au bord de la Baltique, d'un village de population finnoise, russophone et orthodoxe. La république d'Estonie est reconnue indépendante au traité de Tartu par la Russie bolchevique en 1920. Cette femme n'a donc pas connu la Révolution Russe. Pour l'anecdote, le père d'Anna était un marin côtier qui faisait du cabotage. Il faisait de temps à autres de la contrebande d'alcool avec la Finlande. Il cachait donc l'alcool dans des nourrisses qu'il noyait dans l'eau signalisées par des bouées.

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D'origine modeste, elle arrive à Paris en 1932 avec la famille du consul d'Estonie (Mr et Mme Postelnickoff). Elle y travaille en tant que dame de compagnie, de cuisinière et de nourrice.

Anna et Paul se marièrent à la Mairie du XVème arrondissement de Paris le 28 Juin 1934. Les Bogatscheffs arrivent dans le quartier des Abbesses en 1936 suite à la naissance de leur fille unique, Lida, née à Paris, le 2 Mars 1936 dans le XIXème arrondissement.

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Lida dans les bras de son père.

Ils resteront longtemps locataires dans le quartier. lls vécurent notamment dans une maisonnette de l'avenue Paul-de-Kock.

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Lida dans le landeau de sa mère devant la maisonnette de l'Avenue Paul de Kock en 1936.

Lida se souvient d'un père calme, peu loquace. Elle se sentait très proche de lui. Elle se rappelle qu'enfant, étant bonne élève, elle ramenait un brillant carnet tous les samedis soirs. Le dimanche, pour la féliciter, il l'emmenait fièrement sur sa bicyclette chez le libraire de la gare de Chelles et lui offrait un livre. Elle se remémore de grandes balades à bicyclette à ses côtés. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Paul et son inséparable vélo n'hésite pas à pédaler jusqu'à Coulommiers pour ravitailler sa famille en produits en provenance de fermes amies.

Une maisonnette et un terrain, situés au 19 de l'avenue de l'Étoile d'Or, leur sont cédés, un jour, par le Père Serge Pfefferman.

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Lida devant la maisonnette de l'avenue de l'Etoile d'Or.

Le Père Serge Pfefferman est le prêtre orthodoxe desservant l'Eglise Orthodoxe des Abbesses de Gagny-Chelles. Israélite, il portait l'étoile jaune pendant la guerre 39-45. Il échappa à la déportation en se réfugiant au monastère orthodoxe de Bussy en Othe.

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Sortie de l'Eglise Orthodoxe après guerre.

Lida se souvient d'une anecdote amusante : ses parents, pendant des années, ignorent qu'ils ont droit aux allocations familiales. Une fois les arriérés remboursés, Paul offrit une montre et un vélo à sa fille Lida.

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Lida dans l'avenue de l'Etoile d'Or sur son vélo payé avec les arriérés des allocations familiales. Au fond à gauche, on distingue l'Eglise orthodoxe.

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Paul, dans les champs de blé de la côte du Beauzet ou Montguichet de Gagny-Chelles.

mardi 8 décembre 2009

L'église Saint-Séraphim de Sarov de Gagny-Chelles en peinture

Nous avons découvert cette très belle reproduction en peinture à l'huile d'une carte postale ancienne. Elle représente l'église Orthodoxe des Abbesses de Gagny-Chellesà l'époque où celle-ci était située à Chelles au milieu de l'avenue Sambre et Meuse.

Cette toile est datée de 1988 et la signature est difficilement lisible.

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L'égliste orthodoxe dans les années 30

Pour en savoir plus sur l'histoire de la paroisse de Saint-Séraphim de Sarov, veuillez lire les articles suivants :

lundi 7 décembre 2009

Chroniques du café des Abbesses de Gagny-Chelles : La famille Gromoff.

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Photo datée de 1934 : A gauche, Mr Tkacheff puis Serge Gromoff et Georgette Gromoff et tout à gauche Mr Leonid Bondareff.

Nous avons rencontré Sonia Lebon née Gromoff. Ses parents ont tenu le café des Abbesses (Actuellement, le café Chantant) de 1932 à 1946.

Son père d'origine russe a combattu dans les armées blanches contre les armées rouges avant son exil pour la France. Cet homme, très secret selon sa fille, aurait changé de nom à son arrivée en France. Le nom Gromoff serait donc un nom d'emprunt sans doute pour fuir un passé troublé par la guerre civile.

Comme beaucoup d'immigrés russes, dans une France saignée à blanc par la guerre 14-18, il recherche et trouve du travail dans les grands centres industriels du pays. C'est ainsi qu'il est embauché dans l'usine Peugeot de Valentigney,

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Sortie des usines Peugeot de Valentigney.

C'est en ce lieu, qu'il rencontre sa future épouse Georgette qui travaille dans le café de ses parents dans l'avenue de la république de la ville.

Voulant monter une affaire ensemble, un cousin nommé Milo, négociant de vin en gros à Champs-sur-Marne, leur propose l'opportunité de racheter le fond de commerce d'un café dans le quartier russe des Abbesses de Gagny-Chelles.

Le café Gromoff

Ce café a été construit quelques années plus tôt par Mr Fazekas (Ouvrier du bâtiment d'origine Hongroise). Des descendants de la famille Fazekas habitent toujours dans le quartier des Abbesses.

C'est ainsi, que Serge et Georgette se portent acquéreurs du fond de commerce en 1932. Ils ne sont pas propriétaires des lieux, les locaux sont ainsi loués à la famille Fazekas.

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La famille Gromoff a employé avant-guerre une main d'œuvre espagnole ayant fuie la guerre civile.

Très vite, Serge qui était "capable de tout faire" décide de donner de l'ampleur au Café des Abbesses. Il décide donc d'y tenir également une épicerie russe. Sonia se rappelle la vente d'harengs et des sprats sous toutes les formes (fumés, à l'huile etc.), des cacahuètes, du kéfir de jus de citron, des cornichons malossols, du vin, de la Vodka, des liqueurs etc.

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En tablier, Serge Gromoff, 4ème en partant de la gauche : Henry Bianco et tout à droite son frère.

Très vite, l'établissement devient très important dans la vie sociale de la communauté des Abbesses. Ainsi tous les ans, les assemblées paroissiales de l'église Orthodoxe y sont organisées ainsi que les fêtes de quartier. Sonia se rappelle notamment le concours des plus beaux vélos fleuris ainsi que des lots offerts aux enfants.

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Très vite, les Gromoff décident de transformer le café en salle de cinéma, deux fois par semaine.

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Sonia se rappelle son père faisant tourner la manivelle et de projections de comédies dramatiques comme les Deux Orphelines où elle pleurait à chaudes larmes assises sur le banc du premier rang.

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Plus tard, ils décidèrent d'organiser des bals. Sonia se rappelle de ces fêtes familiales musicales, au sein de cette communauté russe qu'elle estime comme une "grande famille nostalgique vivant sur ses valises autour d'une église".

A côté du café, il y avait un salon de coiffure tenu par le père Henry. Juste au dessus, vivait un russe qui fabriquait des glaces. Il les fabriquait avec une sorbetière dans l'arrière cours. Tous les matins, il partait les vendre à la gare de Chelles. Sonia se souvient de sa charrette couverte, avec ses pots de glace baignant dans glace pilée pour les maintenir bien au frais toute la journée. Elle se souvient de sorbets à la vanille ou au citron qu'il servait dans des gaufrettes.

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A gauche, le père Henry dans l'entrebâillement du Salon de coiffure. Veuillez également noter la présence d'une borne fontaine.

Avant-Guerre, Serge, anti-communiste convaincu, voulant être naturalisé est très mal-alaise avec les sollicitations des mouvements de gauche de l'époque (front populaire, parti communiste) qui veulent s'introduire dans le quartier. Avec le soutien notamment du Docteur Nast, il finit par l'obtenir en 1936.

Pendant, la guerre, Serge fut membre des FFIs ou Forces Françaises Intérieures.

Sonia se souvient d'une très belle femme juive qui habitait seule, avec ses deux enfants, dans le milieu de la section Chelloise de l'Avenue de l'Etoile d'Or. Cette Madame Sherman y possédait une petite maison en meulière au perron centré. Sans avoir pignon sur rue, elle y tenait une petite buvette fréquentée, entre autres, par des juifs du secteur dont certains d'origine russe. Il y avait également une petite épicerie où elle y vendait des fruits et des légumes. En 1941-1942, elle quitta brutalement sa maison avec ses enfants. Sonia se rappelle son fils René qui avait le même âge qu'elle. Elle ne sait pas si Mme Sherman et ses enfants ont été déportés. Elle n'a plus jamais eu de nouvelle d'eux après leur départ précipité.

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Serge Gromoff en Tablier, puis Odette Quirier, Sonia Gromoff et son chien Kapi, Derrière Mr Bellet de la loterie nationale et Mr Gamelin en arrière, puis Georgette Gromoff et Rose Beley.

Sonia se souvient de son chien Kapi qu'ils ont gardé pendant une quinzaine d'années. Ce chien vagabond avait la particularité d'accompagner les clients du café jusqu'à la gare et de revenir. Pendant la guerre, il fut arrêté par la police de Chelles après avoir tué 2 poules dans une ferme. Georgette, pour récupérer le vagabond, fut forcée de les rembourser.

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Sonia, en 1944, pour un spectacle de danse en honneur aux personnes déportées pendant la guerre.

En 1946, les Gromoff vendirent le fond de commerce. Ce café existe toujours à ce jour, ils se nomme désormais le Café Chantant.

Le café Gromoff en 2008

vendredi 30 mai 2008

De "l'Etoile Rouge" à "l'Etoile d'Or" ou l'histoire de la paroisse et de la communauté russe des Abbesses.

Voici un document écrit en 1999 par un ancien paroissien de la Paroisse St Séraphim de Sarov. Celui-ci traite de la communauté russe des Abbesses et de sa Paroisse. (Albocicade). En accord avec son auteur, celui-ci a été quelque peu actualisé et remanié avec des photographies choisies.

Ce document, même s'il traite en partie de faits déjà traités dans d'autres articles, se lit avec un plaisir rare. Il comporte notamment une présentation de la structure de la société russe avant la révolution bolchévique et une description précise de Saint Séraphim de Sarov et du culte qui lui ai voué.

De "l'étoile rouge" à "l'Etoile d'Or"

Préambule

Nous sommes en banlieue Est de Paris, à la limite de la Seine et Marne, et de la Seine St Denis. Au bout de la rue Albert Caillou, à l'angle de l'avenue Clovis et de l'avenue de l'Etoile d'Or, sur les communes de Chelles et Gagny, une petite église.

Mais est-ce bien une église, cette petite maison dans son enclos ?

Certes, elle est bien surmontée d'une croix, mais d'une croix étrange, une sorte de Croix de Lorraine, complétée encore d'une branche diagonale sur le pied.

L'église Orthodoxe en 2008.

Entrons.

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samedi 10 mai 2008

La présence russe à Chelles-Gagny par Alexandre NICOLSKY (1989)

La présence russe à Chelles-Gagny par Alexandre NICOLSKY (1989) :

Café Marek : Visite de l'évêque fin des années 50 Voici une photo de la visite de l'évêque Méthode au quartier des Abbesses à la fin des années 50 :

  • à droite il y a l'évêque auxiliaire de l'Eglise Orthodoxe Russe en Europe Occidentale.
  • au centre, avec la croix, P. Nicolas Ivanoff, recteur de la paroisse missionnaire à la maison de retraite russe du Prompt Secours (Aujourd'hui la Cerisaie à Gagny).
  • à Gauche Mme Petrankhoff.
La présence des Russes à Chelles et à Gagny doit tout d’abord être située dans le cadre de l’émigration russe.

Les grandes migrations de peuples font partie des évènements immémoriaux de l’histoire et même de la préhistoire.

L’amélioration des moyens de transports et de communication, la substitution d’une société industrielle à une société agraire ont rendu celles-ci plus visibles.

Historiquement, la première appellation de « réfugiés » a été donnée aux 200.000 à 300.000 huguenots français contraints de quitter le royaume à la révocation de l’Edit de Nantes. Le départ des catégories socioprofessionnelles d’artisans et de commerçants avait pesé lourdement sur l’économie française à la fin du 17ème siècle.

La tempête de la révolution communiste en Russie suivie d’une guerre civile sur trois fronts et d’un renversement complet de l’ordre social (la loi soviétique proclamée par Lénine avait mis hors la loi et privé du droit au travail les militaires, les propriétaires, les négociants, ect.) a été à l’origine d’un important mouvement d’émigration.

La révolution russe de 1917

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