Les risques d'inondations du quartier des Abbesses

Vous avez peut être déjà entendu parlé des inondations de Janvier 1910 avec sa crue exceptionnelle de la Marne, mais saviez vous que celles-ci sont qualifiées de centennale ?

Inondations 1910 : Les avenues inondées

Mais qu'est ce donc qu'une crue centennale ?

Une crue centennale est une crue dont la probabilité d'apparition une année est de 1 / 100, en terme de débit. Autrement dit, la probabilité que son débit soit atteint ou dépassé est chaque année de 1 / 100.

Ainsi, une crue centennale revient en moyenne tous les 100 ans, mais ne se produit pas nécessairement tous les 100 ans (il n'y a en fait que 2 chances sur 3 d'observer une crue centennale sur une période de 100 ans). De même son occurrence une année n'exclut pas sa répétition une ou quelques années plus tard, puisque les phénomènes pluvieux n'ont pas de raison d'être liés d'une année à la suivante.

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Qu'est que la crue de la Seine et de ses affluents comme la marne de 1910 ?

La crue de la Seine de 1910, souvent qualifiée de crue centennale, est le plus important débordement de ce fleuve qui a touché la plus grande partie de sa vallée et qui, bien qu'il n'ait pas été très meurtrier, a causé d'importants dommages à l'économie régionale, en particulier à Paris. Elle a atteint son maximum, 8,62 mètres sur l'échelle hydrométrique du pont d'Austerlitz à Paris le 28 janvier, mais a affecté de nombreux quartiers de la capitale et de nombreuses villes riveraines du fleuve pendant plusieurs semaines avant et après cette date, la montée des eaux s'étant faite en une dizaine de jours, tandis que la décrue a demandé environ 35 jours.

Inondations 1910 : Le pont de Notre-Dame à Paris

Les affluents et les confluents de la Seine connaissent le même sort à des degrés différents, du fait de l'interdépendance des différents systèmes hydrologiques. Certaines villes de banlieue subissent des dégâts importants.

Lors de cette grande crue de 1910, les députés, pour réamorcer la reprise du travail, se rendent à l'Assemblée nationale en barque. Le zouave du Pont de l'Alma, sur lequel les Parisiens ont l’habitude de mesurer la montée de la Seine, a de l’eau jusqu’aux épaules.

Les hauteurs d'eau de la Marne constatées lors des crues de 1910 et 1955 au niveau du pont de Gournay

Les dernières crues centennales de la Marne ont eu lieu en 1910 et en 1955 et pour ceux qui aurait oublié, nous sommes à l'écriture de cet article en 2008. C'est lors de cette crue de 1910 qu'ont été relevé sur le pont de Gournay les indices des plus hautes eaux connues du secteur avec une hauteur de 9,99 m (NGF 39,63 mètres). Une hauteur de 9,87m a été constatée en 1955 (NGF 39,50 mètres). Deux plaques indiquant ces 2 niveaux records sont visibles sur un des piliers du pont de Gournay.

PHEC du pont de Gournay

PHEC du pont de Gournay PHEC du pont de Gournay

Selon le Plan de Prévention du Risque d'Inondation par débordement de la Marne de la Préfecture de Seine Saint Denis, les quartier des Abbesses et du Chesnay (Chelles comme Gagny) et celui de la pointe de gournay sont donc classés comme étant des zones inondables avec des aléas de forts à très forts. Des aléas forts signifiant des montées des eaux possibles de 1 à 2 mètres, tandis que les aléas très forts sont situés à plus de 2 mètres.

PPRI - Gagny

Le quartier des Abbesses est donc qualifié comme étant une zone inondable comportant des risques d'inondations avec des Aléas forts avec une zone réduite qualifiée de très forte comme montré dans le plan présenté ci-dessus.

Inondations 1910 : Quartier du Chesnay à Chelles

Dans le cas d'un retour d'une crue centennale de la Marne et au regard du "Plan de Prévention du Risque d'Inondation par débordement de la Marne de la Préfecture de Seine Saint Denis", les maisons ne possédant pas de vide sanitaire approprié seront donc inondées de façon importante et les quelques maisons récentes ou en cours de construction avec des sous-sol enterré ou demi-enterré risquent de sérieux dommages.

PPRI - Gagny

Aujourd’hui, à proximité du pont de Gournay se trouve la station de mesure qui recueille en permanence les informations sur le niveau et le débit en m3/s de la Marne. Ces informations sont consultables sur le site http://www.vigicrues.ecologie.gouv.fr.

Cette information prend toute son importance puisque depuis le 1er juillet 2006 le vendeur ou le bailleur d’une habitation doit déclarer dans l’acte de vente ou de location les risques naturels et technologiques liés à la localisation de celle-ci.

Sur le site préfectoral, vous trouverez les informations complémentaires sur le département et la commune de Gagny ainsi que les consignes particulières à suivre face aux risques d’inondations.

Les habitants qui contestent les conclusions du "Plan de Prévention du Risque d'Inondation par débordement de la Marne de la Préfecture de Seine Saint Denis" :

Il convient de signaler qu'à la "lumière" de certains témoignages et de cartes postales de l'époque, certaines personnes minimisent la nature des risques des inondations en prenant à témoin les hauteurs d'eau constatées en 1910 et en 1955 par des habitants des quartiers inondés de l'époque.

Les inondations de 1910 dans le quartier des Abbesses

Ainsi Etienne et Annick DESTHUILLIERS, Membres de la société archéologique et Historique de Chelles ont adressé un courrier en Juillet 2002 à un commissaire enquêteur sur les inondations de la Marne dont voici quelques extraits :

Ainsi Madame Lopin écrit sur une carte postale de 1910 ( elle a donc vécu la crue) : "l'eau après être passée de 30 cm à 2 m suite à la brèche du canal s'est stabilisée à nouveau vers une trentaine de cm ;" sur les cartes postales on peut voir et apprécier les mêmes hauteurs. Une carte postale dans sa légende dit que la brèche du canal est bien la cause de l'envahissement de certains quartiers de Chelles." (...)

(Les hypothèses de calcul de l'enquête sur les débordements de la Marne) "C'est nier que tous les travaux effectués depuis 1910, tant pour l'amélioration des berges de la Marne, que les lacs et bassins de retenue, n'ont servi à rien, que la gestion en serait déplorable et que les bassins dit de retenue ont été transformés en base de loisirs."(...)

Aujourd'hui, on voudrait nous faire croire que les digues du canal vont encore lâcher. Cela fait 92 ans que ce n'est pas arrivé. Que le réseau complet d'assainissement n'aurait pas baissé la nappe phréatique. C'est nier les marques laissées sur les parois des puits qui indiquent clairement a qui veut bien les regarder, que l'eau baisse régulièrement. C'est nier aussi que suite à ces abaissements réguliers de la nappe, bon nombre de bâtiments ont été sinistrés. C'est nier que tous les travaux effectués depuis 1910, tant pour l'amélioration des berges de la Marne, que les lacs et bassins de retenue, n'ont servi à rien, que la gestion en serait déplorable et que les bassins dit de retenue ont été transformés en base de loisirs.(...) En conclusion, l'abaissement des nappes phréatiques, les ouvrages créés sont en mesure d'absorber une grande partie d'une inondation importante à venir, qu'il faut revoir les niveaux retenus par l'administration, qu'il serait plus sage d'avoir une grille graduée par 50 cm au lieu d'1 m ce qui permettrait d'avoir une vue plus réelle des inondations possibles."''

Source: Etienne et Annick DESTHUILLIERS, Membres de la société archéologique et Historique de Chelles.

Inondations 1910 : La Brèche du canal de Chelles

Concernant la crue de 1955, nous avons également collecté des témoignages d'habitants des Abbesses qui nous ont signalé que lors de celle-ci "l'on pataugeait dans les jardins des Abbesses avec de l'eau qui semblait remonter du sol comme par un gonflement de la nappe phréatique". Il convient de préciser qu'en 1955, les digues de la Marne et du Canal de Chelles n'ont pas cédées comme en 1910.

Il y a donc ceux qui sont "alarmistes" et ceux qui relativisent l'importance de ces crues centennales. 2 visions qui s'opposent et nous ne pouvons nous targuer d'en privilègier une plutôt qu'une autre. A la lumière de ces élèments, nous vous laissons donc, vous faire, votre propre opinion.