Le terrain qui accueillera des entreprises est contaminé
Article de LaMarne, 30 Mars 2011.
On y pénètre plus aisément que dans lé fort. Un trou béant dans le grillage
d'enceinte de l'ancien Centre d'études atomiques (CEA), côté Courtry,' offre
une voie quasi royale à celui qui transite via la fameuse « Route
stratégique». C'est par ce chemin, emprunté il y a une quinzaine de jours par
Claude Bartolone, le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis égaré le
temps d'un instant chez le département voisin, que nous avons suivi les
bénévoles de « l'Effort de Vaujours ». Un petit périple
au milieu d'un vaste complexe de bâtiments abandonnés, aux fenêtres brisées,
envahis par la végétation. Un vrai décor d'apocalypse. "Nous nous trouvons dans
l'ancienne zone de soutien du CEA : c'est là qu'étaient installés les
services administratifs, techniques et d'entretien », commente Lisa, la
présidente de l'association.
Lisa Leclerc, présidente de l'association l'Effort de Vaujours.
Mais gare où vous mettez les pieds. Le sol est parsemé de trous aussi larges
que profonds. « Cela fait longtemps que toutes les grilles métalliques
ont été récupérées par les gens du voyage », note Blaise, un autre
bénévole. Au bout de quelques centaines de mètres, la végétation 's'épaissit,
les bâtiments se font plus rares, le sol devient moins régulier.
« Nous avons atteint la batterie sud du fort, toujours à
Courtry », précise Lisa. Un détail qui a son importance: toute la zone que
nous avons parcourue, qui couvre une quinzaine d'hectares, appartient depuis
l'an dernier à la communauté d'agglomération Marne-et-Chantereine.
L'intercommunalité projette de créer à cet endroit une zone d'activités.
Une opération qui nécessitera à priori de faire raser l'ensemble des
bâtiments dé l'ancien CEA. Séparée par un grillage, infranchissable celui-là,
l'autre partie, côté Vaujours, est la de la société Placoplâtre.
Des taux supérieurs aux taux naturels
C'est d'abord vers l'une des nombreuses casemates qu'abrite le CEA que nous
emmènent les bénévoles. Ce local à demi enterré, aussi vieux que le fort
lui-même, porte le n°13. Il aurait servi selon l'association aux experts du CEA
pour réaliser des expériences: Une petite lucarne au verre épais, plantée au
beau milieu de la porte d'entrée en acier, semble confirmer cette analyse.
Mais ce qui est plus probant encore sont les mesures que les bénévoles
réalisent à cet endroit, A l'aide de compteurs Geiger, un modèle de chez Radex,
ils ont pu relever au sol des taux allant de 0,25 à 0,48 microsieverts/heure
(Sv/h). Un rayonnement artificiel certes loin des niveaux enregistrés au cœur
du fort (iusqu'à 1,71 Sv/h), mais en tous cas bien supérieurs à la
radioactivité naturelle, qui oscille en région parisienne etre 0,08 et 0; 15
Sv/h ...
« Théoriquement, sous le sol, on n'atteint jamais de tels taux. C'est
d'autant plus inquiétant que le CEA affirmait, avant son départ, avoir nettoyé
le site jusqu'à 50 cm de profondeur! Cela prouve que les sous-sols abritent
encore des déchets radioactifs », soutient Hal, le « Monsieur
Radiochimie» de l'association.
A quelques mètres de là, une galerie où l'on accède par un long escalier se
termine en cul-de-sac: elle a été bouchée à l'aide de remblai. Dès mesures
réalisées à cet endroit fournissent encore des chiffres au-dessus de la
norme.
« Ce tunnel relie la batterie sud à un bâtiment de recherche situé
à l'extérieur. Cela nous Intrigue, pas seulement parce que le tunnel est
bouché. Mais surtout parce que les taux à l'air libre doublent entre
l'intérieur et l'extérieur », poursuit Hal.
Les travaux risquent de disperser des radio-éléments
L'idée fait frémir les bénévoles : « Sur un site qui subit les
vents et les pluies depuis dix ans, il y a forcément eu du mouvement sous
terre. D'un point de vue, sanitaire, Quant aux radioéléments qui se trouvaient
à l'air libre, ils ont probablement été lessivés, tandis que la végétation les
a recouverts. Cela ne veut pas dire qu'ils n'existent plus. Ils risquent fort
d'être dispersés lorsque la terre sera retournée au moment des travaux »,
soutient Hal.
... Nous avons voulu faire vérifier ces affirmations par l'organisme qui
fait autorité actuellement, la,CRIIRAD. Mais, extrêmement sollicité depuis la
catastrophe de Fukushima, le laboratoire indépendant n'a pas pu répondre, pour
le moment, à nos sollicitations. Mais les bénévoles de « L'Effort de
Vaujours» croient fermement à leurs analyses: « Nous invitons les
représentants de la communauté d'agglomération à venir consteter par eux- mêmes
nos mesures », Iancent-ils.