Construit entre 1876 et 1878 à une altitude de 104 mètres, le Fort de Chelles, conçu pour héberger 363 hommes et 29 pièces d'artillerie, fait partie du patrimoine historique de l'Est Parisien.
Chelles - 11/03/2012 : Casernement du Fort de Chelles
Le Fort aussi appelé la « montagne » est un des éléments du système mis au point par le général Raymond Adolphe Séré de Rivières pour la défense de Paris après la défaite devant les Prussiens de 1870.
Photo aérienne du Fort de Chelles en 1933
Un patrimoine historique en péril
Acquis dans les années 70 par la commune, ce Fort de Chelles ne cesse de dépérir. Le Fronton portant le nom du fort a été démonté dans les années 60 afin de laisser passer des camions. Le fort a été utilisé par le passé par un club de Tir, par les pompiers de la ville pour des entrainements grandeur "nature" et par Kodak pour y entreposer des films et des produits polluants.
Photo aérienne du Fort de Chelles en 1962
En 2007, le Fort de Chelles a également subit des aménagements par la commune peu respectueux de son histoire :
- une partie des fossés secs a été immergée engendrant des inondations dans une des caponnières du fort,
- l'entrée du fort a été entièrement démantelée,
- les bureaux de police et l'ancienne cuisine ont été détruits car jugés comme "ne présentant aucun charme",
- le mur de fond de courtine a été raboté
- et enfin la topographie du terrain qui servait à la défense d'autrefois du fort a été très fortement remaniée.
Les spécialistes des fortifications françaises sont unanimes. Ils considèrent ces aménagements comme une atteinte forte au patrimoine historique du Fort de Chelles et s'en désolent et assimilent cela à de la destruction pure et simple.
La problématique des anciennes carrières de gypse :
De plus, la montagne de Chelles est une butte gypseuse exploitée autrefois en carrière à ciel ouvert et en cavages souterrains de seconde masse. La carrière à ciel ouvert a été depuis remblayée mais les galeries profondes de seconde masse ne semblent pas avoir été sécurisées.
Une partie du fort est donc sous minée. Nous nous sommes procurés des plans des galeries issus des archives de l'Armée de terre Française et il y apparait clairement que toutes les zones aménagées pour le public devant et à l'ouest du fort seraient elles aussi concernées et pourraient poser des problèmes importants de sécurisation. Nous avons utilisé ce plan pour nous déplacer dans les galeries et tout porte à croire qu'il est exact.
Le réseau de galeries de seconde masse que nous avons découvert.
Sur les plans apparaissent également la présence de galeries de troisième masse encore plus profondes. Nous n'avons pu les vérifier. Il existe donc la probabilité d'une superposition entre les galeries de seconde et de troisième masse. Sur les plans datés de 1902 réalisés par le génie militaire, il est aussi question de vastes réseaux de "cavages éboulés inabordables".
L'armée française a renforcé les galeries situées directement sous l'emprise des bâtiments du Fort de peur que celui-ci ne s'effondre sur lui même. Ce n'est pas le cas de la majorité de l'important réseau de galeries existantes qui inexorablement se dégradent.
Photo aérienne du Fort de Chelles en 2012, les destructions de 2007 sont clairement visibles.
Lors des travaux d'aménagements de 2007 par la commune, il y aurait eu des sondages et des traitements des zones à risque sur les endroits aujourd'hui ouverts au public. Ces galeries profondes de seconde masse ont elles été repérées à cette époque ? Elles ne semblent pas pourtant avoir été injectées. Présentent elles des dangers en surface ?
Ces galeries et ses dangers semblaient pourtant être connus, comme l'atteste cet extrait d'un article du Parisien en date du 21/10/2002 intitulé "Un millier de carrières mine le sous-sol" :
Ainsi, fin septembre, les pompiers de Chelles ont découvert qu'un effondrement s'était produit dans une galerie de la Montagne de Chelles, au pied du fort, leur interdisant désormais les visites qu'ils effectuaient régulièrement... Un fontis à Chelles. La récente découverte d'un fontis à hauteur de la montagne de Chelles est inquiétante. Les anciens carriers n'ont laissé aucun plan des exploitations de gypse : personne ne peut donc déterminer avec exactitude le nombre de ramifications des galeries.Celles-ci sont régulièrement inspectées par les pompiers du Grimp de Chelles. Mais l'éboulement, découvert fin septembre, empêche désormais de se rendre dans toutes les excavations. Certains parlent d'une galerie allant jusqu'à Montfermeil. « Rien n'est moins sûr. Il faut se méfier de l'imaginaire », souligne un spécialiste qui préfère conserver l'anonymat.
Schéma de formation d'un Fontis causé par la présence de galeries souterraines.
Nous avons contacté le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) ainsi que la Communauté d'Agglomération de Marne et Chantereine afin que des études soient réalisées sur la dangerosité potentielle de ces galeries oubliées. Il apparaît que les plans que nous nous sommes procurés ne semblent pas avoir jamais été portés à leurs connaissances.